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Critique de JeffreyLeePierre


La dernière Masse Critique Non-Fiction proposait ce livre à propos ce qui est probablement mon album préféré des Stranglers, dans une discographie où la concurrence est pourtant rude (*).
Et j'ai ainsi eu le plaisir de le recevoir, ce dont je remercie Babelio et Hugues Massello, directeur des éditions Densité qui signe le gentil petit mot qui l'accompagnait.

Première impression : ce petit livre (140 pages) fait le job.
Il mêle ce que l'on savait (la profonde originalité du groupe, sa mentalité d'assiégés) à ce que l'on découvre (comment a été conçu et enregistré l'album, les passions et obsessions des membres du groupe qui se retrouvent dans les chansons).

L'auteur propose d'abord une thèse défendable : s'agit-il du premier album du post-punk ?
Il a déjà l'antériorité pour lui.
Oui, mais voilà, les Stranglers ont-ils été punks ? (Vieux débat).
Indubitablement, le son de basse de Burnel est fondateur.
Et c'est dans cet album que Greenfield démarre (en fanfare !) ses expérimentations au synthétiseur…
Mais petite déception, l'auteur ne développe pas assez ce propos, qui aurait pu être passionnant.

Là où il ne m'a pas déçu, c'est qu'il a enfin répondu cette interrogation qui me taraude depuis des lustres : la basse qui charpente In The Shadows est-elle jouée à la basse ou au synthétiseur ?
Et il nous livre de nombreux autres détails sur la production, au fil de l'analyse chanson après chanson.
La description des parties musicales est d'ailleurs très détaillée, un peu pléonastique (**). Exercice obligé ? Emportements de la passion ? C'est ce qui me retient souvent avec ce genre de monographie d'un album, ces descriptions complètes de ce qu'il suffit d'avoir deux oreilles pour entendre.
Cela dit, on découvre au passage des aspects de la production ou des arrangements qu'on n'avait pas remarqués et l'on apprend plein de choses. Notamment, pour moi, la découverte du Triton (nan, nan, pas la bestiole).

Le point fort du livre, c'est l'analyse des thèmes des paroles et surtout, leur contextualisation dans la geste du groupe et la biographie ou les centres d'intérêt de ses membres.
En support, il fourmille d'informations sur la réception de ces chansons par la critique de l'époque, ainsi que d'interviews de JJ Burnel ou Hugh Cornwell pour en éclairer le sens.
Alors :
Saviez-vous que Nice ‘N' Sleazy est un jeu de mots ?
Pourquoi cette haine de la Suède (« le seul pays où les nuages sont intéressants ») ?
Mais de quoi ce Toiler On The Sea est-il la métaphore ?
Pourquoi tant de références guerrières et en quoi diffèrent-elles ?
D'où vient le Yukio qui sous-titre la grandiose Death And Night And Blood ? Et d'où sort ce refrain brutal (« ton cerveau est exposé et dévoile tes pensées pourries, beurk ») ?


Au final, même s'il y manque l'adjectif abrasif (***), indispensable à toute description de cette musique dont une qualité est de passer agréablement les tympans à l'émeri, ce joli petit livre est un bonheur à lire.
Et pour ne rien gâter, c'est un fort bel objet. Notamment pour ses pages noires et blanches qui renvoient opportunément au titre (et à la construction) de l'album.

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(*) Hé, hé, « rude », c'est bien le mot. Je n'ai même pas fait exprès.
(**) Clin d'oeil à la belle trouvaille de l'auteur pour ce qui concerne les pochettes du groupe.
(***) Oui, je suis tatillon. Mais on ne prend pas les Stranglers à la légère par ici.
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P.S.: il y a juste un point où je ne suis pas du tout d'accord avec l'auteur. Il entend un passage reggae et qualifie une autre chanson de dub, alors que rien n'est plus éloigné des Stranglers que le chaloupé jamaïquain. J'avoue mon incompréhension.
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