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Critique de tilly


[lu pour les matchs de la rentrée littéraire 2016 (aka #MRL16) ]

On dit de lui qu'Hugo Boris, pourtant jeune écrivain encore, a déjà abordé de nombreux genres littéraires différents dans ses précédents romans, créant chaque fois la surprise et l'admiration : fantastique, réaliste, historique...

S'il fallait désigner une case (beurk) pour Police, ce serait, peut-être : un roman sociétal (beurk, beurk), ou alors corporatiste (beurk, beurk, beurk).
Ce qui est sûr en tout cas : ce n'est pas, mais pas du tout, un roman policier !

J'avais lu et adoré Trois grands fauves, et je confirme l'effet de surprise, de contraste absolu, avec celui-ci.
Seul point commun : l'écriture limpide, précise et élastique, parfaitement adaptée aux accélérations de l'action, comme aux réflexions intérieures des personnages, et aux descriptions de lieux et de comportements.
Ça commence un peu comme le pitch d'un film césarisé ou d'un épisode de série télé populaire : trois policiers de base dans un équipage en mission, deux hommes, une femme. C'est par elle, Virginie, que tout arrive, dans ce roman vif, dense et captivant.
Elle s'est portée volontaire dans l'urgence pour participer à la reconduite d'un étranger expulsé jusqu'au vol au départ de Roissy qui le renverra dans son pays. Normalement c'est la Police aux frontières qui fait ça, mais un incendie au centre de rétention de Vincennes rend nécessaire le renfort des gardiens de la paix du commissariat du XIIème arrondissement où Virginie, Aristide et Erik, sont de service. Ils embarquent en fin de journée dans leur Laguna, vont prendre en charge à Vincennes le demandeur d'asile refusé, un tadjik, et prennent la direction de l'aéroport.

Ce qui fait oublier très très vite les clichés des films de flics, c'est l'épaisseur psychologique que l'auteur donne à chacun des acteurs de cette équipée d'un soir, en nous faisant vivre leur quotidien professionnel et familial. Car à l'intérieur des contraintes dramaturgiques d'unité de temps (celui de la mission, quelques heures) et de lieu (la voiture), chaque protagoniste a le temps de laisser vagabonder ses pensées, de ruminer ses soucis, de ranimer ses souvenirs, de faire des projets.
Virginie, jeune mère de famille, se prépare à avorter le lendemain ; elle est plus fragilisée et troublée par cette échéance qu'elle ne se l'avoue à elle-même.
Aristide est au courant, c'est lui le père ; il n'est pas le mari, mais il a compris qu'il n'avait plus son mot à dire dans la décision de la jeune femme ; lui le beau gosse costaud, séducteur et malin, boute-en-train à l'humour lourdingue, est très malheureux du rejet de sa collègue.
Les failles d'Erik, le plus capé des trois, sont plus difficiles à cerner ; sous une autorité naturelle de façade, il a su jusque là cacher aux autres combien il est mal dans son boulot.

Tout s'accélère quand la jeune policière décachette sans autorisation l'enveloppe qui contient le dossier de l'homme qu'ils raccompagnent. Elle a compris que leur expulsé est promis à la mort (pour raisons politiques) au retour dans son pays, et elle ne peut supporter cette idée. Cette mission décidément inhabituelle va alors poser des problèmes de conscience aux trois équipiers, mais surtout à Virginie. le plus difficile à convaincre de laisser filer le retenu est Erik, le chef d'équipage. Finalement c'est le tadjik lui-même qui, ne comprenant rien au comportement bizarre des trois policiers, paralysé de frayeur, refuse de quitter la voiture ! Mais Virginie ne compte pas en rester là et tentera jusqu'au bout, seule s'il le faut, de faire capoter le transfert de l'expulsé.

C'est court, rapide, de plus en plus rapide, à l'image de la course éperdue de Virginie et de ses coéquipiers pour la dignité et la vie d'un inconnu. Rattrapez-les !

Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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