AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de umezzu


Mechtild Borrmann créée un double récit entrecroisant en Ukraine la période de la catastrophe de Tchernobyl, et les années qui en ont suivi, avec le trafic de prostitution de jeunes filles d'Europe de l'Est de nos jours en Allemagne.
A travers le récit de Valentina, qui a vécu ses meilleures années, avec son mari et son fils, quand elle était infirmière dans la cité privilégiée de Prypiat, à côté de la centrale nucléaire, Borrmann reconstitue la situation de ces habitants, qui ont subi la radioactivité, sans être informés des évènements, qui ont été jour après jour déplacés toujours un peu plus loin, jusqu'à ce qu'une zone interdite ne soit décidée, les condamnant à ne plus jamais revoir les lieux de leur enfance, leurs fermes, ou simplement les endroits où ils ont vécu heureux.
Victimes, déplacés, proscrits, car porteurs de la radioactivité, les habitants de la zone ont été parqués dans des villes-dortoirs par le gouvernement soviétique, qui interdisait au corps médical d'associer la radioactivité aux atteintes que leur corps subissait. L'effondrement de l'URSS a été encore plus catastrophique avec la disparition des aides d'État, contraignant ainsi Valentina à repartir survivre dans la zone interdite.
La fille de Valentina, élevée prés de Kiev, a tenté, elle, de trouver une vie meilleure à l'Ouest. Mais elle a disparu. Une disparition de jeune fille comme il y en a eu d'autres dans une Ukraine, dont les milieux politiques, universitaires et militaires sont corrompus. Leonid est un officier de la milice qui a sincèrement cru qu'avec la démocratie, l'Ukraine changerait et qu'une société saine serait possible. Ses désillusions atteignent leur paroxysme lorsqu'il constate que l'enquête sur le réseau qui attire les jeunes filles ukrainiennes à tenter leur chance à l'Ouest est couvert par les plus hautes autorités. Il est chassé de son travail, mais continue l'enquête, cette fois en Allemagne.

Mechtild Borrmann aborde de front le trafic d'êtres humains, la barbarie des organisations criminelles qui se fournissent en jeunes filles rêvant d'un avenir meilleur et qui se retrouvent battues et droguées par leurs souteneurs, puis violées par les clients de passage. Cette partie du livre est crue et désespérante.
La partie sur Tchernobyl ne décrit pas la catastrophe en elle-même. Juste les lueurs bleutées au dessus des réacteurs, visibles à des kilomètres, et l'affolement des compteurs Geiger. Elle concentre son histoire sur les liquidateurs, ouvriers envoyés en enfer limiter les dégâts en enfouissant tout ce qui était contaminé, et sur le sort des habitants des la zone. Les déplacés n'ont jamais revu leur ville d'origine. Ils ont subi le black-out médiatique. La négation de leurs maux. Tout pour cacher l'incurie des autorités et le raté de l'industrie nucléaire soviétique.

L'ouvrage est fort, mais son côté désespérant le rend par moment de lecture difficile. Les chapitres sur la protection dont disposent les criminels des réseaux de prostitution sont des plus pénibles. le regard posé sur les victimes de Tchernobyl est lui plus humain. Comment des vies entières ont été détruites par l'atome. Cette partie pose bien des questions...
Commenter  J’apprécie          310



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}