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Critique de ladesiderienne


A la lecture de ce témoignage de Marie-France Botte, j'ai eu souvent envie de vomir. En 1985, alors assistante sociale dans un hôpital de Bruxelles, la jeune femme décide de tout plaquer pour s'engager dans une association française qui oeuvre en Thaïlande dans un camp de réfugiés cambodgiens fuyant le régime de Pol Pot. S'intéressant plus particulièrement aux sorts des plus jeunes, elle va se trouver confrontée à tout ce que l'homme peut inventer en matière de violation des droits de l'enfant : travail clandestin , maltraitance et bien sûr prostitution organisée.

Aidée par une organisation locale, Marie-France va mener sa propre enquête et découvrir les bordels sordides de cette station balnéaire située à 150 kms de la capitale, qu'elle nomme Pattaya-la-Pute, rendue célèbre par son tourisme sexuel auquel se livrent bon nombre d'occidentaux, échappant ainsi à la loi de leur pays d'origine. Ces hommes qui ressemblent à Mr "Tout le monde", hommes d'affaires, enseignant, bon père de famille, elle va les rencontrer, passant outre son dégoût quand ils évoqueront une philosophie de pacotille au nom d'une culture asiatique différente de la culture occidentale, prétextant la quête du "nouvel amour" totalement partagé par leurs jeunes victimes. Parmi celles-ci, elle découvrira les violences physiques, l'exploitation mafieuse de ces enfants souvent enlevés à leur famille dans les villages reculés, et bien sûr les ravages du sida. Ne pouvant compter sur une police corrompue, l'association parviendra à soustraire de nombreux enfants de l'enfer, partant même à la recherche de leurs parents.

Mais son action dérange les mafias locales qui vivent de ce trafic, et devant les nombreuses menaces de mort, elle devra quitter le pays en 1992 non sans avoir réussi à médiatiser son combat en Europe grâce à l'intervention de deux journalistes venus faire un reportage sur place. C'est donc avec l'écriture de ce livre qu'elle poursuit la lutte contre le tourisme sexuel en exposant à nos yeux qui refusent de croire la courte vie de Sonta, 8 ans, prostituée, décédée du sida.

J'ai trouvé ce récit tout à fait juste dans la mesure où l'auteure, malgré son aversion pour les horreurs commises, ne souhaite pas que l'on pende haut et court ceux qui s'y sont livrés. Ayant constaté que certains d'entre eux avaient eux-mêmes été abusés quand ils étaient enfants par des adultes, elle souhaite qu'ils soient soignés dans des centres spécialisés comme elle a pu constater que cela se pratiquait déjà à Montréal en 1985.

Quelques recherches sur internet m'ont appris que depuis, Marie-France Botte avait eu quelques démêlés avec la justice belge à propos de malversations financières et de dénonciation calomnieuse. Un doute est aussi semé sur le nombre de victimes qu'elle aurait réellement sauvées de la prostitution. Personnellement je ne pense pas que cela jette un total discrédit sur ce témoignage effroyable. Malheureusement, je n'ai pas l'impression que les quelques lois promulguées en Thaïlande depuis quelques années n'aient changé grand chose à la situation. Les politiques et la police continuent à soutenir officieusement l'industrie du sexe et à en profiter. Pour nous avoir ouvert les yeux, ce livre mérite un 20/20.
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