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Critique de Sachenka


L'enfant mascara est un roman pour adolescents qui est assez bouleversant et troublant, à plusieurs niveaux. Il traite d'un fait réel : la fusillade du collège E. O. Green Junior High School à Oxnard, en Californie. Là, le 12 février 2008, Brandon McInerney tire à bout protant deux balles dans la tête de Larry/Laeticia King. Il s'agit d'un crime homophobe qui a eu beaucoup de retentissement à l'époque.

Évidemment, Simon Boulerice l'a adapté librement, en utilisant une narration à la première personne. Et ça fonctionne. On arrive à se mettre dans la peau de son protagoniste. En même temps, on reconnaît le style de l'auteur, mettant en vedette un adolescent homosexuel (ou plutôt transgenre, dans ce cas-ci) avec des goûts bien précis qu'il partage avec les protagonistes d'autres de ses romans. Aussi, l'inclusion de poèmes.

Pourtant, cette fusillade n'occupe qu'une petite place dans le récit. Je veux dire, elle est annoncée dès le début, quelques verbatims de témoins ont été insérés ça et là, mais l'événement lui-même n'a lieu qu'à la fin. le reste de l'intrigue, c'est l'évolution de Larry en Laeticia, de quelques mois avant le drame jusqu'au moment fatidique.

Malgré cela, un sentiment de malaise persiste tout au long du bref roman. Est-ce à cause du drame qu'on devine arriver ? Pas tant, non. C'est qu'on ressent une violence sous-jacente tout au long de la lecture.

D'abord, il y a ce climat familial tendu chez les King. le jeune Larry et son frère Rocky ont été adoptés mais on ne sent pas l'amour dans cette maison. Leur père se montre incompréhensif, toujours de mauvaise humeur, quelque peu violent, alors que leur mère essaie de faire la part des choses mais sans succès.

Ensuite, l'évolution de Larry vers l'homoseuxalité et le transgenre provoque beaucoup de réactions dans son milieu scolaire. Il applique un maquillage discret, puis un peu plus, il commence à porter des vêtements féminins, puis il demande à ce qu'on l'appelle Laeticia. Cela dérange, autant d'autres élèves que des enseignants. On comprend le désir ou le besoin du protagoniste de vouloir s'affirmer, en même temps on sent que le malaise chez les autres. Et cette tension devient parfois un peu lourde à chaque page qu'on tourne.

On peut juger le comportement de Larry/Laeticia maladroit ou provocateur, mais c'est incroyable comment il/elle, malgré les rebuffades, continue ce que d'autres pourraient considérer comme un combat.

En ce sens, L'enfant mascara peut être considéré comme un roman qui peut choquer mais c'est une bonne chose. En fait, tant qu'il y a des gens qui sont choqués par l'attitude de Larry/Laeticia et qui voudraient interdire qu'on présente ce genre de bouquin aux adolescents, cela signifie qu'il est d'autant plus utile, voire nécessaire.
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