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Critique de Madamedub


Lorsque Smeeks s'engage au service du Gouverneur en direction des Mers Caraïbes, il ignore tout de la vie et des aventures qui l'attends.

A bord du navire qui l'entraîne vers les eaux chaudes et dangereuses du Nouveau Monde, s'éveillent pour lui les premiers émois pour une femme, embarquée clandestinement parmi les marins. Elle restera « Elle » pour Smeeks, symbole ultime de la féminité, pour celui qui n'était qu'un enfant prépubère.

Mais débarqués sur la célèbre Ile de la Tortue, les choses ne semblent pas se passer comme prévues pour les hommes du Gouverneur. Smeeks découvre la violence, la défaite, le sexe (par les prostituées qui le prennent en amitié) et découvre l'esclavage et la servitude. Mais cette entrave sera pour lui l'occasion de rencontrer celui qui allait être son mentor, Nègre-Miel. Maître en la matière d'herboristerie et déployant toutes sortes de talents. Par cet enseignement, Smeeks se fait repérer sur l'Ile de la Tortue comme l'héritier de son savoir après le meurtre de celui-ci. Devenant tour-à-tour élève du chirurgien des Pirates, soigneurs de la maison close de l'île il s'embarque finalement comme pirate lui-même à bord du navire du terrible François L'Olonnais.

Cruels et sadiques, les hommes écument les mers, pillent les indiens des îles, saccagent, violent et tuent ceux qui croiseront leurs chemins, jusqu'à la fin célèbre de François L'Olonnais, tué, rôti et mangé par les Indiens….

Dans ce roman propre au style de Carmen Boullosa, où les narrations s'entremêlent et où, loin des écueils du Bien et du Mal, le jeune Smeeks devient le Trépanneur, pirate sanguinaire et guérisseur…

Entre faits historiques, fiction et roman épique, l'auteure entraîne son lecteur dans un récit aux odeurs de sang, de souffre et de poudre.

Pudique et violent à la fois, l'écriture entraîne loin de la morale et de la logique, dans la quête effrénées d'hommes avides, sans plus rien à perdre, pour qui gagner signifiait dépenser, consommer et piller à nouveau. Au travers de ce cycle sans fin, où seule la mort brutale est un frein (en atteste la fin incroyable de l'Olonnais), Carmen Boullosa nous décrit la vie de ces pirates de l'Ile de la Tortue, loin des clichés romantiques de Hollywood, une société à la fois soudée, constituée en une véritable confrérie (les célèbres Frères de la Côte) et la violence permanente du règne de la Terreur et du plus fort, la guerre de tous contre tous, maintenue par une faim boulimique d'action, d'argent et de violence.

De Smeeks au Trépanneur, il n'y a finalement qu'un pas, qu'un glissement, qui s'opère presque naïvement, à l'insu du personnage lui-même.

Avec l'orfèvre de l'écriture qui lui est propre, Carmen Boullosa relate dans « Eux les vaches, nous les porcs », toute la violence, l'injustice, mais aussi la fraternité, inévitable à l'histoire de toutes les luttes humaines.

Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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