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Critique de bdelhausse


Un accident de voiture. Un bolide conduit par Charles, patron, puissant, ne doutant de rien, traçant dans la vie avec l'assurance orgueilleuse de sa caste, mais éméché aussi. La Porsche prend feu et Isabelle, sa fille meurt dans la carcasse. Charles a retenu Hugo son fils, la vingtaine insouciante, qui a voulu aller sauver sa soeur. Hugo ne pardonnera jamais à son père. En fait, il ne pardonnera jamais de l'avoir retenu, de l'avoir empêché d'aller vers Isabelle dans les flammes, mais également de l'avoir à ce point choyé, protégé, isolé et même caressé dans le sens du poil en lui permettant de se former comme pilot de rallye... Car Charles avait dans l'idée de former, formater Hugo afin qu'il lui succède et il s'agissait de l'empêcher de penser, finalement. Et c'est le coeur du problème pour Hugo.

Cela démarre comme dans un polar. Un roman noir. Un gros bloc de désespoir doublé d'une sourde rébellion. Et là, j'ai bien aimé.

Hugo fuit et trouve un job de chauffeur pour un homme vulgaire et violent dont le permis lui a été retiré. Thève Maravilliers est un parvenu. Un riche patron issu de rien, et dépourvu de manières. Il s'est offert une BMW, M5, un monstre de vitesse. Finalement il est l'antithèse du père d'Hugo (sauf pour ce qui est de la fascination pour les bolides). Tout oppose Hugo et Thève. Hugo ne sait rien de la vie. Thève va être son mentor d'une certaine façon. Même si Thève méprise tout ce que représente Hugo, il va lui montrer ce que c'est de vivre.

Il se crée alors un jeu malsain entre ces deux individus qui ont besoin l'un de l'autre. Pendant de longues pages, le récit est dur, intense, cela peut basculer dans un sens ou un autre, même si Hugo n'est pas de taille face à un homme impitoyable comme Maravilliers.

J'ai trouvé cela super intéressant, cette idée que tout peut basculer, que tout est indécis, que l'on se dirige à fond vers un mur en béton... jusqu'à ce que Laetitia, la fille de Thève Maravilliers, entre en scène. Car ce monstre de sécheresse émotionnelle a un talon d'Achille, sa fille, 19 ans, belle à se damner... et, justement, se damner c'est ce que veut Hugo. A partir de ce moment, le roman perd une grande partie de son intérêt à mon avis. Cela reste lisible, mais cela devient aussi terriblement prévisible, donc peu emballant. Je me suis retrouvé dans un roman-photo. Il n'y a pas d'autres mots pour décrire le climat du livre à ses 2/3.

Il y avait sans doute « mieux » à faire que de transformer un tel début en roman « easy-reading » façon Collection Arequin. J'ai eu le sentiment que Françoise Bourdin n'avait pas voulu aller au bout de son idée. Au bout de la déchéance d'Hugo qui souhaite expier le fait de n'avoir pu sauver sa soeur, et de ne s'être jamais dressé face à son père. Une telle rébellion tardive peut produire des effets terribles. Finalement, Françoise Bourdin reste fort sage dans la progression de son roman. Dommage. D'autant plus qu'elle écrit bien. A coup de petites phrases, très punch, elle peut aller loin très rapidement. Cela donne du rythme, de l'énergie, au récit.

Ajoutons que le livre date un peu. Ecrit en 1993, il a pris un petit coup de vieux. Certains rouages ne sont plus aussi crédibles, mais l'opposition des caractères et le fait que « tout soit possible » pendant une partie du récit m'ont saisi. le mal fascine, c'est bien connu. Mais il n'en faut pas trop non plus pour Françoise Bourdin.
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