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Critique de Arthemyce


Un peu moins de 110 pages, mais une extrême densité pour ce petit livre de poche. Comme souvent, la collection « Repères » ne déçoit pas avec un contenu de qualité bien que synthétique. Il sera question dans cet ouvrage des « Limites Planétaires », c'est-à-dire, pour faire cours, des capacités de notre planète à réguler l'équilibre dynamique du « système Terre ».

En ouverture, les auteurs proposent un historique rapide de la notion de limite planétaire par le prisme de l'Économie. Ils mettent en évidence que la question des ressources (et des impacts de l'activité humaine) a longtemps été négligée des principaux courant de l'Économie et des politiques induites. A l'époque du développement de ce nouveau champs d'étude, contemporain de la révolution industrielle, « la nature apparait aux observateurs comme largement inépuisable et inaltérable ». On évoque Malthus, un des premiers à s'interroger sur la durabilité du développement humain, en comparant les croissances – selon lui respectivement géométrique et algébriques – de la population et des ressources. Les solutions qu'il préconise sont cependant discutables et, encore aujourd'hui, la référence au « Malthusianisme » en porte les stigmates. Pour ses opposants, le problème n'est pas la rareté ou la finitude des ressources, mais les limites techniques et humaines visant leur exploitation. Hormis des pénuries locales et temporaires, L Histoire donnera plutôt raison à ces derniers, la population s'étant accru en parallèle des ressources disponibles. Cette idéologie, dite « cornucopienne » – le fait de repousser indéfiniment les limites de la nature – restera la norme dans la plupart des travaux économiques jusqu'à l'aube des années 1970, période de la fin des Trente Glorieuses ayant accueilli la publication, en 1972, du célèbre « Limits To Growth » (Les Limites de la Croissance) de Denis MEADOWS et son équipe. C'est l'occasion pour des économistes peu orthodoxes comme Georgescu-Roegen (parmi d'autres) de voir leur intuition confirmée, tandis que les économistes dominants s'enferment dans le paradigme impliquant nécessairement que les limites puissent être dépassées.
La première concrétisation de ces réflexions est apparue la décennie suivante, avec la mise en évidence d'un trou dans la couche d'ozone, résultant d'émissions anthropiques massives de gaz chlorés pouvant avoir des effets « catastrophiques, allant jusqu'à menacer directement la vie sur Terre ». le Protocole de Montréal aura rapidement donné des résultats, toutefois les auteurs soulignent qu'en aucun cas le parallèle puisse être fait avec le réchauffement climatique : il existait alors des alternatives aux substances incriminées et de surcroît, les secteurs concernés étaient circonscrits ; ce qui n'est absolument pas le cas concernant le CO2.
Cet élan mondial aura eu le bénéfice de permettre d'établir le lien entre limites planétaires et régulation écologique, là où les ressources étaient jusqu'alors l'objet dominant.
Finalement, c'est au tournant du XXIème siècle qu'apparait le concept d'anthropocène : « homo sapiens est devenu le principal facteur de modification des équilibres écologiques à l'échelle planétaire […] ». le terme a depuis fait largement débat, concernant notamment la généralisation implicite d'un mode de vie particulier, attribué abusivement à une humanité essentialisée, ainsi que la responsabilité non différenciée qui en découle. Comme pour enfoncer le clou, en 2004 est publié un article (1) qui fera date, dont on retiendra notamment la « Grande Accélération » (2), ensemble de graphes témoignant de la croissance exponentielle de l'exploitation des ressources et des pollutions connexes.

[...] Résumé détaillé : https://docdro.id/RnTRwCN

En guise de conclusion, les auteurs insistent sur la nécessité d'intensifier la recherche bien qu'ils constatent « un engouement scientifique indéniable » mais regrettent le manque d'actions politiques conséquentes. Si au niveau mondial et national, en France, les discours officiels intègrent de plus en plus la notion de limites planétaires, « la mise en acte tarde à être entreprise ». Les inégalités environnementales et socio-économiques sont pointées du doigt et obligent à revoir la répartition non seulement des richesses, mais aussi des « capacités limitées de la Terre à fournir des ressources et des services ».

(1) Version 2015 : doi:10.1177/2053019614564785
(2) https://www.researchgate.net/figure/The-Great-Acceleration-Steffen-et-al-2015b_fig5_326295135
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