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Critique de florencem


J'ai un peu hésité avant de me décider à lire ou pas, ce tome quatre des Insoumis/Darkest Minds. Même si la fin de Dénouement restait assez vague quant à l'avenir de nos héros, elle était pour moi, pleine d'espoir et de possibilités, avec cette notion que même nous, lecteurs, nous n'avions pas droit d'imaginer ce que Ruby, Liam, Zu et Chubs allaient devenir. C'était leur choix à eux et Alexandra Bracken le leur donnait. Avec Héritages, j'avais cette impression que c'était un peu quitte ou double. Soit j'accrochais à Héritage, soit je n'allais pas aimer et entacher un peu la trilogie d'origine que j'avais adorée. Que Zu soit notre narratrice ne me gênait pas du tout, par contre. C'est un personnage que j'avais adoré et que son jeune âge avait un peu mis de côté au final. Donc un choix que j'approuvais sans soucis.

L'histoire se déroule donc cinq ans après les derniers événements de Dénouement. Si Héritage pouvait nous laisser espérer quelque chose de positif, le désenchantement est assez rapide. Ce ne fut pas une grande surprise en soi. Si j'avais un peu d'espoir à la fin de la trilogie, espérant que les adultes prennent conscience de leurs erreurs et fassent en sorte de les réparer pour ces générations ayant tant souffert, je savais aussi au fond de moi que Alexandra Bracken avait construit un monde de manigances et de cruauté. Quant l'univers de Zu est subitement chamboulé, c'était comme entendre "je te l'avais bien dit". Une fin heureuse, un monde juste... utopie pure et simple. Mais, grâce à Zu, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Je veux dire par là qu'il n'y a pas qu'un basculement brutal. Au fil des pages, notre jeune héroïne se rend compte de la mascarade, des faux-semblants. Elle a voulu s'y accrocher, faire des sacrifices pour le bien de tous... mais était-ce vraiment la bonne chose à faire ?

Tout le roman tourne autour de ce choix. Que doit faire Suzume ? Quel est le chemin à suivre pour qu'elle puisse être en accord avec elle-même et en même temps poursuivre ses objectifs ? Ruby avait eu un cheminement assez semblable, mais plus accès vers ses pouvoirs. Ici, nous sommes vraiment dans ce domaine de l'Héritage. Nos héros veulent se battre pour le futur, pour la marque qu'ils laisseront aux jeunes générations, pour leur offrir quelque chose qu'eux n'ont pas eu. Et comment faire quand les dirigeants et autres grands manias bafouent subtilement tous vos droits ? Comment faire quand on est seul, acculé et que l'on doute à tous instants ? Zu a grandi mais elle reste encore à cet âge où l'on doit choisir entre rester l'enfant qu'on ne souhaite plus être, mais l'adulte qui nous fait peur. Et le monde qui l'entoure ne l'aide pas. Notre groupe de héros n'est plus. Zu est en quelque sorte seule, abandonnée de ses trois aînés qui ont été ses remparts pendant une période si douloureuse. Elle doit faire des choix, comme faire confiance ou pas à Roman et Priyanka. Quitte à faire des erreurs.

Je ne vous mentirai pas. le fait de ne pas trop voir Liam, Chubs et Ruby a créé un manque. Mais Alexandra Bracken grâce à Roman et Priyanka arrive à pallier ce manque avec brio. Les deux nouveaux sont un vrai mystère et on a pourtant envie de leur faire confiance dès le départ. Un état d'esprit similaire à Zu. Et c'est quelque chose que j'apprécie beaucoup, de pouvoir se mettre dans les baskets d'un héros. Sans compter que sans Liam, Chubs et Ruby, les trois jeunes héros ont tout le loisir de s'épanouir et d'évoluer. Et pour le coup, le manque est vite retombé. Bien entendu, quand les anciens personnages font leur retour à un moment donné, j'étais "joie et bonheur", je ne le cache pas, même au vu des circonstances peu réjouissantes. Sans compter que leur retour n'efface pas ce que Zu a accompli elle-même. C'est juste la cerise sur le gâteau. Et quelle cerise !

Le dernier tiers du roman est addictif et vraiment bien mené. Il y a autant d'émotions, d'angoisse et de petits moments de fierté. Zu a évolué de façon réaliste et juste, ses relations avec Roman et Priyanka sont agréables à suivre, et là encore très réussies. Elle n'est plus la petite fille muette que nous avons connu. Elle a suivi les pas de sa "grande soeur" et on ne peut être que fière d'elle. le côté politique et vie post-apocalypse s'intègre aussi très bien, plantant un décor qui pousse nos héros à aller au delà de leur retranchement. C'est encore une guerre secrète menée pour que les Psi obtiennent justice. Ce n'est pas un roman joyeux et un sentiment de révolte risque de gronder en vous durant votre lecture, mais gardez à l'esprit qu'il y a des combattants. Leurs actions ne seront pas forcément spectaculaires, mais il y a toujours ce feu qui brûle pour ce futur plus brillant.

La fin d'Héritage est à l'image de Dénouement. Certains ne seront pas satisfaits, surtout qu'Alexandra Bracken n'a pas le désir pour l'instant de poursuivre Darkest Minds. Pour moi, cette fin ouverte est la fin qui devait être. Elle est le résultat du cheminement de Zu. La prise en main de sa propre destinée. le pouvoir que l'on donne au choix que l'on peut faire. Les combats que l'on doit mener pour être en accord avec soi-même. Et comme je l'ai dit au tout début, cette fin ouverte est aussi une prise de position. Alexandra Bracken offre à ses personnages le choix de devenir ce qu'ils veulent.
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