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Critique de Caliban


De même qu'il y a des moments importants dans la vie d'un homme, il est des livres qui comptent---et comptent beaucoup--- dans son existence et sa compréhension des "choses de la vie" . Pour moi, "L'ami américain" est de ceux-là, après "Le temps de Franco" de Michel del Castillo qui m'avait obligé à une révision déchirante de mes idées sur la guerre d'Espagne (1936-1939 ), idées plutôt manichéennes où le fascisme constituait le camp du mal (qu'il continue à incarner à mes yeux) et la République le camp du bien, vision idéaliste dont je suis passablement revenu .
De même, "L'ami américain", livre historique de première grandeur ,remarquablement documenté, lève le voile sur certains épisodes de notre histoire qui méritent, même après soixante ans, d'être remis en lumière . N'oublions pas que le passé est garant de l'avenir et que "lespeuples qui oublient leur histoire sont condamnés à la revivre" (George Santayana ).
Au début de l'été 1944, j'avais dix ans(et demi) et quand j'allais, avec tous les gamins du coin, applaudir, le long de la route de Dinan à Saint Brieuc, les convois de GI filant vers l'Ouest à la conquête de Brest et leur "chiner" chewing gum, bonbons et cigarettes(oui !),je n'imaginais bien sûr pas du tout les dessous de la politique américaine de FDR,saprofonde antipathie pour De Gaulle et pour la France (ni son"amitié" pour Pétain) et je suis resté,des années durant,dans l'illusion de la grandeur et du désinteressement de la"plus grande démocratie du monde" . En somme, j'aicru à la LIBERATION , comme l'immense majorité des Français, alors que, dans l'esprit du président américain, il ne s'agissait que d'une occupation pour gagner cette guerre qui lui avait été imposée par le Japon. La lecture du livre est à cet égard édifiante et j'ai réalisé à quel point Charles de Gaulle a incarné,depuis le début (1940) jusqu'à sa mort (1970), l'esprit de résistance et d'indépendance qui a tant indisposé nos amisd'outre-Manche et d'outre-Atlantique .
Le livre est composé d'une introduction : "l'amitié du fort au faible", d'un prologue:"Roulant du haut de l'Histoire ..." puis de douze chapitres dont je ne résiste pas au plaisir de vous énumérer les titres ( une façon peu subtile de vous mettre l'eau à la bouche ) :
-Ch 1:"Notre "cher vieil ami"[si vous en doutiez, il s'agit de Pétain, non de de Gaulle]
-Ch 2 :Vichy, avec ou sans Pétain[ "Ce n'est pas à Hitler que Roosevelt fait la guerre, c'est à moi" ironisait De Gaulle ]
-Ch 3: D'une occupation l'autre? [la vilénie del'AMGOT ]
-Ch 4: La bataille de Paris [ Hitler n'était pas le seul à se battre sur deux fronts ]
-Ch 5: Les arrière-cuisines de Jean Monnet [ Les cuisines du prétendu"père de l'Europe" n'étaient pas d'une absolue propreté ]
-Ch 6:Des fellagha à l'OAS, tout est bon contre De Gaulle [Féru d'Histoire et ancien d'Algérie, j'ai appris là des choses ...que beaucoupdenosconcitoens ignorent encore ]
-Ch 7:L'impossible ménage à trois [ "Les histoires d'amour finissent mal en général", surtout à trois ]
-Ch 8: le casus belli atomique [ L'indépendance est un grand défaut aux yeux des USA ... quand elle n'est pas américaine ]
-Ch 9: René, Antoine,Jean, François, Georges et les autres [Lutter contre des adversaires,oui,mais être désavoué ou trahi par les siens...ou prétendus tels ]
-Ch 10:Le grand réglement de compte de l'an 1968 [ Avec, là encore, quelques révélations étonnantes ]
-Ch 11: La symphonie inachevée [ Ou requiem pour unrêve d'indépendance ]
-Ch 12: Pompidou,l'héritier qu'on n'attendait pas [ Pompidouet Sarkozy me font penser aux deux héros de Chester Himes: Cercueil et Fossoyeur ,par rapport au "gaullisme" dont ils se prétendaient l'incarnation ]
Epilogue : Oublier deGaulle.
Pour nous,lecteurs de 2017, cet épilogue constitue le plus important du livre, si on a déja bien lu ce qui précède . Les successeurs du général, de Pompidou à Hollande en passant par Giscard et Mitterrand ont détricoté le travail d'indépendance,Chirac restant un peu à part, surtout en s'abstenant ! Mais le pire a été Sarkozy,fossoyeur d'une "France aux mains libres"qui prenait comme un compliment d'être surnommé"l'américain" .
A lire donc,et à méditer
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