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Critique de Arimbo


Un de mes livres de chevet. Brel, un chanteur, un poète, un témoin, notre conscience.
J'ai eu la chance de faire partie de cette génération d'adolescentes et adolescents qui, chaque année, découvrait de nouvelles chansons de Jacques Brel. Mémorable et bouleversant pour moi qui suis du Nord, le Plat Pays, sorti en 1962, que nous avons vite appris à chanter....dans nos veillées.
Et puis, il y eut l'arrêt volontaire du grand poète, d'abord des concerts en 1967, puis des disques je crois, en 1968, jusqu'à ce que sorte en 1977, évènement extraordinaire, son dernier disque merveilleux, Les Marquises, avec ses chansons d'exception, outre celle qui donne son titre à l'album: Jaurès, La ville s'endormait, le Bon Dieu, Vieillir, Orly...
Il y a beaucoup de chanteuses et chanteurs que j'admire, entre autres Trenet, Brassens, Ferré, Aznavour, Nougaro, Gainsbourg, Higelin, Christophe, ...., mais Brel, et dans le même registre, Barbara, c'est viscéral.
Et donc, ma critique ne peut être objective.
Mais je voudrais quand même distinguer, parmi tous les textes, quelques uns qui sont pour moi d'une extraordinaire poésie: Les pieds dans le ruisseau, La lumière jaillira, Une île, Zangra, le Plat Pays, Les Vieux, Amsterdam, Les jardins du Casino (une merveille), L'Ostendaise, Je suis un soir d'été (pour moi, le plus beau texte), Regarde bien petit, L'éclusier, Jaurès, La ville s'endormait, le Bon Dieu, Les Marquises...

Je reproduis ci-dessous le texte de Je suis un Soir d'Été, et les 4 derniers vers saisissants de la ville s'endormait, qui rattrapent ceux, bien misogynes, que l'on trouve par ailleurs, dans le texte.....

" Et la sous-préfecture
Fête la sous-préfète
Sous le lustre à facettes
Il pleut des orangeades
Et des champagnes tièdes
Et les propos glacés
Des femelles maussades
De fonctionnarisés

Je suis un soir d'été
Aux fenêtres ouvertes
Les dîneurs familiaux
Repoussent leurs assiettes
Et disent qu'il fait chaud
Les hommes lancent des rots
De chevaliers teutons
Les nappes tombent en miettes
Par-dessus les balcons

Je suis un soir d'été

Aux terrasses brouillées
Quelques buveurs humides
Parlent de haridelles
Et de vieilles perfides
C'est l'heure où les bretelles
Soutiennent le présent
des passants répandus
et des agonisants

De lourdes amoureuses
Aux odeurs de cuisine
Promènent leur poitrine
Sur les flancs de la Meuse
Il leur manque un soldat
Pour que l'été ripaille
Et monte vaille que vaille
Jusqu'en haut de leurs bas

Je suis un soir d'été

Aux fontaines les vieux
Bardés de références
Rebroussent leur enfance
A petits pas pluvieux
Ils rient de toute une dent
Pour croquer le silence
Autour des filles qui dansent
A la mort d'un printemps

Je suis un soir d'été

La chaleur se vertèbre
Il fleuve des ivresses
L'été a ses grand-messes
Et la nuit les célèbre
La ville aux quatre vents
Clignote le remords
Inutile et passant
De n'être pas un port

Je suis un soir d'été"


"Et vous êtes passée
Demoiselle inconnue
A deux doigts d'être nue
Sous le lin qui dansait"
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