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Critique de The_Noir


Breton contrairement à L.P. Fargue dont je viens de terminer Haute Solitude, il y a chez le poète, comme un plasticité figée en un spectacle métaphysique, contre-miroir d'un quotidien que Breton devait trouver totalement privé de goût. Fargue trébuche, se perd dans son imaginaire, déploie des trésors d'allégories, il vit au travers d'elles ! Elles l'émeuvent. Breton lui contemple. Il contemple froidement des paysages métaphoriques et, très zen (excusez le xxx ), il nous dépeint un paysage littéraire fascinant certes mais statique et décharné. Les poèmes de Signe ascendant forment une suite de visions, esthétiques, prophétiques ("Je suis celui qui va"), philosophiques même dont l'âme reste à mon goût trop absente.


Dans le texte liminaire de 1947, le pape du surréalisme s'explique sur son esthétique et nous voilà mis devant le fait : Breton nous assure n'éprouver de plaisir intellectuel que devant la métaphore... Breton est un intellectuel, cela va sans dire et encore mieux en le disant dans ses mots. Fargue lui vit, admire la vie, y participe comme il peut, comme roue déjantée qui s'accroche au ciel. Mais Fargue n'a jamais été surréaliste.

Finissons-en donc avec cette comparaison sans fondement : Breton versus Fargue. Rien ne nous y porte; pourtant de les avoir rapprochés nous éclaire sur l'art de chacun.

Breton a évidemment ses fulgurances, ses images fortes. En outre, la condition humaine (et son avenir) lui tient à coeur; au travers de ses rapprochements surréalistes improbables, il la théorise :
"Plus à portée de l'homme il est d'autres coïncidences
Véritables fanaux dans la nuit du sens
C'était plus qu'improbable c'est donc exprès
Mais les gens sont si bien en train de se noyer
Que ne leur demandez pas de saisir la perche"

L'image rare et surréelle vogue dans le monde des idées et n'aborde que rarement le vécu, l'émotion, la compassion du lecteur.

Il y a bien sûr quelques exceptions comme "Les États Généraux" ou encore ces Constellations, mini-récits inspirés des couleurs et de l'espace rêveur de Joan Miro. Il y a ces poèmes plus personnels aussi comme "Je reviens" où le poète se perd dans son ancien quartier comme le chauffeur de taxi dans sa rêverie ou encore "Sur la Route de San Romano" où "La poésie se fait dans un lit comme l'amour" où Breton sans s'épancher aucunement évoque amour et poésie comme seuls refuges à la tristesse du monde.

Je ne peux que rester ébahi par la force de pensée et la détermination littéraire et philosophique d'André Breton, sa volonté de révolutionner la littérature et la société mais je reste souvent plutôt froid devant sa poésie privée à mon avis d'une large pinte de chair et de sang ou encore de rires et de larmes.
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