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Critique de grm-uzik


Andrew Compton, alias l'Hôte Éternel, accusé du meurtres de 23 jeunes hommes homosexuels, purge sa peine à Painswick. Lui qui voulait combler sa solitude, garder dans son lit ces amants de quelques jours réduits au silence n'a qu'une envie : tuer encore, sans concession aucune, car telle est son envie.
Adepte de la nécrophilie, photographiant ses victimes dans différents états de démembrement, il reste un pauvre hère désabusé qui sait uniquement que la solitude est inexorable.
Des jeux morbido-érotiques auquel il s'initia dans son adolescence, en révérence aux cadavres dont il chérit l'esthétique, il tire sa planche de salut et réussit l'exploit de feindre la mort afin d'échapper à ses barreaux en abusant et assassinant sauvagement les médecins légistes chargés de son autopsie.
En prison, il a découvert sa séropositivité et l'ombre de virus encore méconnu en cette année 1994, date qui concorde avec le décès du véritable Boucher de Milwaujee.
Semant la mort dans la capitale britannique, ses pas vont le mener vers son destin, vers cette flamboyante ville de la nouvelle Orléans, fief de son alter ego Jay Byrne.

Ce dernier est un dandy issu d'une famille de Louisiane au passé corrompu, maître dans l'art de la torture, cannibale à ses heures et amateur de jeunes éphèbes paumés ou sans domicile fixe.
Cette rencontre improbable entre ces deux êtres abjects va donner naissance à une passion énorme dans un éternel tandem homosexuel à la base des romans de Poppy Z. Brite.
Tantôt maître ou disciple, c'est finalement Jay Byrne qui initiera son acolyte au "raffinement" de la dégustation de chair humaine.
Autre histoire, autre passion, celle qui exista entre Luke Ransom et Tran.

Entre cet écrivain rebelle, reconverti en animateur de radio pirate, diminué par le virus du SIDA et le jeune dealer Vietnamien à la beauté troublante et androgyne s'est tissée une passion déçue et romantique chère à l'oeuvre de la sorcière underground.
L'un à travers ses frasques sur les ondes, vitupérant contre la société américaine hétérosexuelle et abrutie, l'autre dans les raves et l'hallucination de ses sens, cherchent à exorciser cette passion qui les a fait toucher du doigt la folie et la rancoeur sourde.

Reliant ces 2 tandems par les liens du meurtre et de la sensualité, l'égérie de la nouvelle génération littéraire américaine nous livre un témoignage coup de poing.
Explorant avec ambiguïté les tréfonds les plus sombres et repoussants de l'âme humaine, elle nous plonge dans la sensualité, la torture, la fascination morbide et l'effroi le plus complet.

Un ouvrage cultissime dont on ne ressort pas indemne et qui fascine autant qu'il choque, toujours avec autant de brio et d'intérêt stylistiques et narratifs. Pour conclure, je vous livre la dédicace de Poppy Z. Brite : "A ma mère, Connie Burton Brite, qui m'a donné toutes les tripes dont j'ai besoin." Pourtant Dieu sait qu'elle en a. Un pur chef-d'oeuvre répugnant, fascinant et palpitant qui vous secouera de l'intérieur. Un bijou absolument et vivement recommandé.
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