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Critique de cathcor


Ce premier roman d'Alexis Brocas, 42 ans déchire un certain nombre de belles images : les banlieues chics, leurs habitants, leurs idéaux matérialistes et factices, qui sont en fait des prisons dont il faut à tout prix s'évader pour survivre, par les jeux de rôle ou la SF pour les plus jeunes, par la drogue pour les ados, par les jeux de l'amour ou du pouvoir pour leurs parents.
Au commencement était le rêve: Saint-Clone (!!!), ville de banlieue ouest de bon ton ("Pas m'as-tu-vu comme Neuilly."), avec ses espaces verts, ses maisons d'un goût sûr, ses mères rêvant d'une vie légère et linéaire pour elles et leur famille, et ses pères avocats, promoteurs immobiliers ou analystes financiers.
Le roman débute en 1981 et se termine en 2015. Entre- temps, que sont les rêves devenus?
Au fil des pages, derrière les visages lisses des sages enfants du pensionnat religieux, se cachent le sadisme des jeux de rôle, l'antisémitisme, les brimades envers les plus faibles, les fantasmes sexuels, le racket.
A l'adolescence les rallyes et les soirées raffinées dissimulent le trafic de joints, l'alcool, les films gores ou pornos.
Les mères ne voient pas, ou ne veulent pas voir. Pour ne pas rester oisives devant "la même journée de néant répétée à l'infini", elles se retrouvent autour d'une tasse de thé, à moins qu'elles ne trouvent, grâce aux relations de leur mari, un emploi bidon de formatrice, payé " une fois et demi le salaire d'un professeur agrégé", ou qu'elles n'organisent des pétitions contre des Gitans squatteurs.
Les bonnes portugaises écoutent les confidences de leurs patronnes et ne contestent pas, puisqu'elles récupèrent pour leurs enfants - inscrits dans les meilleurs lycées du coin - les Adidas et les Lacoste devenus trop petits.
Quant aux pères, ils sont leaders d'extrême-droite, débordés par leurs responsabilités professionnelles, et songent qu'il serait temps " d'habiter leur vie avant qu'elle ne tombe en poussière".
Il y a des pages savoureuses (repas de famille, échanges téléphoniques entre bonnes amies ), d'autre écrites au vitriol, et d'autres terribles ( le supplice infligé au jeune "Tergal" par ses condisciples). La construction, à partir de points de vue multiples, est ambitieuse, un peu lassante parfois.
'Alexis Brocas connaît bien - et pour cause - son sujet. Il n'avait jusqu'ici écrit que pour les jeunes. On attend avec curiosité qu'il produise d'autres oeuvres pour adultes.
Merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir permis de le découvrir.
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