>
Critique de Aquilon62
Une très, très belle découverte que ce court livre mais d'une telle intensité, comme un écho à la vie de celui à qui il est consacré.
Comme le résume l'auteur : Est-ce un malheur si grand que de cesser de vivre ? demande Phèdre. "À chacun d'en juger. Pour moi, il me semble que non, du moins lorsqu'on a eu la chance d'avoir une existence pleine de la beauté du monde et qu'on a su dire non, aussi longtemps qu'on a vécu, à toutes les forces qui nient la vie."
Et ce fut le cas du juge Giovanni Falcone.
Chacun garde en tête les images du cratère laissé sur une autoroute reliant l'aéroport de Punta Raisi à Palerme, et plus précisément à Capaci.
Il s'est à peine écoulés 10 minutes depuis qu'ils sont montés à bord de la Fiat, le juge a pris lui même le volant pour changer, sa femme est à ses cotés, dix minutes qui, sans doute, ne lui paraissent ni une éternité, ni une poussière de secondes, mais juste dix minutes ; dix bonnes minutes pour prendre plaisir à tenir le volant, discuter avec Francesca et l'homme assis à l'arrière, pour parler de tout et de rien, faire des projets, se sentir vivre, être un homme.
Et c'est sur ces 10 minutes, que David Brunat, nous fait défiler le vie du juge Falcone. Un peu comme on verrait défiler sa vie avant de mourir.
10 mn à bord de cette Fiat Croma blanche, qui file à vive allure dans la campagne palermitaine, aux alentours de 160 kilomètres à l'heure, car tout est minuté dans sa vie depuis qu'il vit sous protection.
Et dans cette vie qui défile, l'auteur arrive à y glisser des bribes de poésie empreintes de tendresse, de beauté, de mélancolie. Il arrive s'arrêter sur l'antagonisme entre la beauté de la Sicile et la violences des exactions des mafieux.
Le juge Falcone dira lui-même lors d'entretiens avec Marcelle Padovani (journaliste française) que "La mafia sicilienne est un monde logique, rationnel, fonctionnel et implacable". C'est par conséquent un monde compréhensible. Intelligent et intelligible. Ses secrets les plus opaques peuvent être percés par qui saura se doter d'une méthode d'investigation sûre et éprouvée. Et ce sera une de ses qualités.
Le pool antimafia sera créé pour démanteler ce monde et ce fut un séisme judiciaire. le fruit d'une alliance sans précédent entre une ressource humaine hors du commun, constituée par un groupe soudé de magistrats déterminés, exceptionnellement compétents et d'une parfaite droiture, et un cadre institutionnel propice à une lutte ciblée contre « la Pieuvre », sachant s'extirper du système des partis et des collusions troubles, et doublé d'une vraie volonté politique incarné (une fois n'est pas coutume dans la classe politique italienne) par des dirigeants d'une haute stature morale et intellectuelle.
Certes certains le payeront de leurs vies, mais il faut apprendre à regarder le combat antimafia pour ce qu'il est : une histoire d'amour.
L'amour de la vérité et l'amour du droit, bien entendu. L'amour de la vie, naturellement, et du même coup l'amour des autres et de l'humanité, qui s'apparente peut-être (s'exprimant ici, cet amour, dans une grammaire du coeur fort singulière car faite de convois blindés, d'enquêtes labyrinthiques et de lois pénales) à l'amour du prochain.
Et David Brunat de poser cette question : "Qu'est-ce qu'être un homme ? » À cette interrogation fondatrice et ultime, la vie de Giovanni Falcone apporte, je crois, une réponse originale et digne d'être connue. C'est la réponse d'un humaniste sans illusions mais habité d'un idéal qui, malgré les épreuves et une fin tragique, a illuminé sa vie et continue d'inspirer, en Italie et à travers le monde, bien des hommes et des femmes de bonne volonté."
En tout état de cause David Brunat rend un vibrant hommage à cet homme, à son courage, sa droiture, sa lucidité, et tant d'autres qualités qu'on pourra lui trouver au fil de ces pages
Comme le résume l'auteur : Est-ce un malheur si grand que de cesser de vivre ? demande Phèdre. "À chacun d'en juger. Pour moi, il me semble que non, du moins lorsqu'on a eu la chance d'avoir une existence pleine de la beauté du monde et qu'on a su dire non, aussi longtemps qu'on a vécu, à toutes les forces qui nient la vie."
Et ce fut le cas du juge Giovanni Falcone.
Chacun garde en tête les images du cratère laissé sur une autoroute reliant l'aéroport de Punta Raisi à Palerme, et plus précisément à Capaci.
Il s'est à peine écoulés 10 minutes depuis qu'ils sont montés à bord de la Fiat, le juge a pris lui même le volant pour changer, sa femme est à ses cotés, dix minutes qui, sans doute, ne lui paraissent ni une éternité, ni une poussière de secondes, mais juste dix minutes ; dix bonnes minutes pour prendre plaisir à tenir le volant, discuter avec Francesca et l'homme assis à l'arrière, pour parler de tout et de rien, faire des projets, se sentir vivre, être un homme.
Et c'est sur ces 10 minutes, que David Brunat, nous fait défiler le vie du juge Falcone. Un peu comme on verrait défiler sa vie avant de mourir.
10 mn à bord de cette Fiat Croma blanche, qui file à vive allure dans la campagne palermitaine, aux alentours de 160 kilomètres à l'heure, car tout est minuté dans sa vie depuis qu'il vit sous protection.
Et dans cette vie qui défile, l'auteur arrive à y glisser des bribes de poésie empreintes de tendresse, de beauté, de mélancolie. Il arrive s'arrêter sur l'antagonisme entre la beauté de la Sicile et la violences des exactions des mafieux.
Le juge Falcone dira lui-même lors d'entretiens avec Marcelle Padovani (journaliste française) que "La mafia sicilienne est un monde logique, rationnel, fonctionnel et implacable". C'est par conséquent un monde compréhensible. Intelligent et intelligible. Ses secrets les plus opaques peuvent être percés par qui saura se doter d'une méthode d'investigation sûre et éprouvée. Et ce sera une de ses qualités.
Le pool antimafia sera créé pour démanteler ce monde et ce fut un séisme judiciaire. le fruit d'une alliance sans précédent entre une ressource humaine hors du commun, constituée par un groupe soudé de magistrats déterminés, exceptionnellement compétents et d'une parfaite droiture, et un cadre institutionnel propice à une lutte ciblée contre « la Pieuvre », sachant s'extirper du système des partis et des collusions troubles, et doublé d'une vraie volonté politique incarné (une fois n'est pas coutume dans la classe politique italienne) par des dirigeants d'une haute stature morale et intellectuelle.
Certes certains le payeront de leurs vies, mais il faut apprendre à regarder le combat antimafia pour ce qu'il est : une histoire d'amour.
L'amour de la vérité et l'amour du droit, bien entendu. L'amour de la vie, naturellement, et du même coup l'amour des autres et de l'humanité, qui s'apparente peut-être (s'exprimant ici, cet amour, dans une grammaire du coeur fort singulière car faite de convois blindés, d'enquêtes labyrinthiques et de lois pénales) à l'amour du prochain.
Et David Brunat de poser cette question : "Qu'est-ce qu'être un homme ? » À cette interrogation fondatrice et ultime, la vie de Giovanni Falcone apporte, je crois, une réponse originale et digne d'être connue. C'est la réponse d'un humaniste sans illusions mais habité d'un idéal qui, malgré les épreuves et une fin tragique, a illuminé sa vie et continue d'inspirer, en Italie et à travers le monde, bien des hommes et des femmes de bonne volonté."
En tout état de cause David Brunat rend un vibrant hommage à cet homme, à son courage, sa droiture, sa lucidité, et tant d'autres qualités qu'on pourra lui trouver au fil de ces pages
