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Critique de EssyMix


J'ai découvert Esther d'Olivier Bruneau au détour d'un rayon de la géniale librairie Cheminant à Vannes, publié aux éditions le Tripode dans la collection Météores. Je ne connaissais pas cet auteur, je n'avais jamais vu de livre de cette maison d'édition, et je me suis spontanément laissé tenter par cette lecture imprévue. Je devrais faire ça plus souvent, car ce fut une bonne lecture.

Dans un monde où les robots – aussi appelés les « synthétiques » - se multiplient, Anton et Maxine sont un couple somme toute très normal vivant avec leur fils adolescent Paul. Au retour d'une soirée, dans une rue mal famée, ils vont faire la connaissance de celle qui a donné son nom au roman, Esther. Esther est une Lovebot, autrement dit une « synthétique » de dernière génération extrêmement réaliste conçue pour avoir des relations sexuelles. Au fur et à mesure, Esther va se faire une place dans leur couple et leur attirer pas mal d'ennuis.

La sexualité est au centre d'une bonne première moitié du roman, ça peut éventuellement choquer même s'il faut reconnaitre que les scènes sont plutôt bien écrites (alors que dans d'autres romans cela peut être très gênant selon les mots choisis). L'auteur dépeint une société où le sexe est omniprésent jusqu'au point où les Lovebots ont été inventés pour assouvir les besoins de certain(e)s. Et pour cela nos trois protagonistes Anton, Maxine et Paul sont utilisés afin d'aborder le sujet chez l'homme, la femme et les ados. J'ai trouvé intéressant de pousser à l'extrême notre société déjà hypersexualisée et de voir le comportement de différents personnages face à ça.

L'enquête commence à se mettre en place doucement et prend son envol au cours de la seconde moitié du livre. L'intrigue est bien ficelée mais reste malgré tout assez prévisible. L'important n'est pas de savoir ce qui s'est passé mais plutôt pourquoi cela s'est déroulé ainsi. En effet, l'enquête donne lieu à des interrogations intéressantes sur la place du robot dans la société, sur l'écart entre une « organique » (une humaine donc) et une « synthétique » (un robot), sur ce qu'est l'âme humaine, etc. Je me doute que de nombreux autres livres traitent de ces sujets-là d'une façon bien plus rigoureuse qu'ici, mais j'ai tout de même trouvé le sujet bien amené dans l'histoire.

Le roman se déroule à une époque indéterminée et dans un lieu inconnu, ce qui freine l'identification et retire un peu de réalisme à l'histoire. Toutefois, quelques indices sont donnés à la fin de l'histoire sur le lieu. Les personnages principaux, Anton et Maxine, ne brillent pas par une personnalité très développée. Mais la situation dans laquelle ils sont embarqués et leur attachement à Esther les rendent agréables. Les chapitres consacrés à des personnages secondaires tels qu'Alice la flic ou Franck Yalda, mégalomane caricature d'un Elon Musk, dynamisent l'histoire et apportent d'autres points de vue. Enfin, Esther, on se pose des questions sur toi pendant les 404 pages de ton histoire… Qui es-tu ? Souffres-tu ? Que t'est-il arrivé ? Deviens-tu humaine ? Les arguments des différents camps se mélangent dans ma tête et je ne sais que penser de toi à l'issue de ma lecture !

J'ai passé un agréable moment à la lecture de ce roman, ce fut pour moi une bonne surprise et je vous encourage à le découvrir. Malgré quelques scènes au vocabulaire assez cru, l'écriture est fluide, dynamique, sans fioritures. Nul doute que ce genre de situation se profile dans les prochaines décennies… Si je devais faire une comparaison, je dirais que le roman d'Olivier Bruneau m'a fait penser à ceux de John Marrs, que ce soit Les Passagers qui porte sur l'intelligence artificielle des voitures autonomes, ou Âmes soeurs qui parle du test infaillible pour rencontrer sa/son partenaire. Ou, comme c'est indiqué sur la 4e de couverture, un bon épisode de Black Mirror.
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