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Critique de sabine59


Heureusement que ces sonnets, retrouvés au fond d'un tiroir soixante ans après, en 2018, ont été publiés car voilà pour moi une pépite!

L'auteure, âgée au moment de leur parution de quatre-vingt quinze ans, explique dans la préface, poétique déjà en elle-même, les circonstances dans lesquelles ces textes ont été écrits. Elle a passé avec ses enfants plusieurs mois de l'été 1957 sur un haut plateau des Catskills , en co-location avec un autre couple, encore ensemble malgré leur désir de séparation, car venant d'apprendre la maladie incurable de l'épouse.

Leur attrait commun pour la vie sauvage va rapprocher le mari et Otis, et ils tombent amoureux, sachant pertinemment que cet amour sera voué à être éphémère. A la fois tendue par cette situation inconfortable et exaltée par ses sentiments, l'auteure trouve dans l'écriture un exutoire.

Il est important, je trouve, de restituer le contexte pour mieux comprendre les poèmes. Fusionnant la nature et le bouleversement intérieur, les mots sont intenses, émouvants, profonds:

" Etre avec toi est simple et violent;
C'est comme être emporté vers l'aval d'une rivière,
Là où les larges eaux dérivent lentement, ondulent
Entre les champs verts, et les herbes entraînées frémissent"...

On suit toutes les nuances de ses émotions , l'évolution de cet amour , sa fin tourmentée. Cependant, les textes évoquent aussi la beauté de cette montagne isolée , la maison qu'elle apprend à chérir:

" Comme la terre est belle, comme le matin emplit
D'une vaste et lente lumière l'agitation mouvante du flot
de nos vies hasardeuses...feuille, torrent, et vallée, collines
S'élargissant sans cesse au-delà de la faible portée de l'oeil..."

J'ai été emportée par cette dimension cosmique donnée à l'élan passionné. Figure emblématique de Greenwich Village jusqu'à sa mort en 2021, j'espère qu' Otis Kidwell Burger, grâce à ce recueil magnifique, sera moins méconnue en France. Elle le mérite.





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