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Critique de Dandine


Un vieux billet, deterre… Aucun Camilleri ne merite de rester enterre.

Le mélange de langues et de patois utilise par Camilleri (fort ingenieusement traduit du reste) peut se reveler d'une lecture ardue, mais seduisante en fin de compte. Je croyais savoir a quoi m'en tenir, après avoir lu La saison de la chasse. Mais j'ai quand meme ete desarconne un peu au debut. Car ici l'auteur force la dose. A l'italien et au sicilien, surabondant, tres augmente d'apres mes souvenirs par rapport a "La saison" (traduit pour le public francais par un patois Lyonnais tombe en desuetude), il ajoute de l'espagnol. Choix evident pour une histoire du temps de l'occupation espagnole de la Sicile. Mais bon…

En fait je suis vite remonte en selle. Et je me suis regale moi aussi de la truculence du texte. On peut tout comprendre sans avoir besoin de se referer au glossaire propose en fin de livre. La phrase entiere et le contexte aident a saisir au vol le sens des mots. Et certains ont leur logique: c'est assez clair qu'une plamuse est une baffe assenee du plat de la main (pla…main…?!).

La "difficulte" de la langue surmontee, nous assistons, fin 18e siècle, a la prise de pouvoir d'une ville (l'Agrigente d'aujourd'hui) par le petit peuple, paysans des alentours et citadins confondus; a leurs essais d'amelioration des conditions de vie des plus demunis, de reformes agraires et autres, avant d'etre vite renverses par une coalition de nobles qui ont beaucoup plus d'experience politique, c.a.d. qui sont beaucoup plus cyniques et plus rouards.
C'est l'occasion pour Camilleri de brosser magistralement un tableau de la societe sicilienne aux siècles passes, la famine endemique dans les campagnes, l'asservissement du petit peuple, l'accumulation des biens – rectification: l'accaparation de pratiquement tous les biens – par la noblesse et l'Eglise (pas le clerge, vu que les petits cures meurent aussi de faim, mais l'Eglise centralisee et ses magnats). L'occasion pour Camilleri de clamer son aversion, son mepris, son execration (ce mot existe-t-il ou viens-je de l'inventer?) pour ces accapareurs sans foi ni loi, sans peur et avec reproche. Pour tout dire, l'homme Camilleri qui apparait derriere ses lignes me plait beaucoup. J'etais fan de son oeuvre, maintenant j'admire l'homme.

Bref, j'ai pris du plaisir. Comme quoi meme un mecreant de mon espece fait bien de temps en temps de s'en remettre aux conseils du clerge (pour les profanes, ma conseillere a l'epoque etait la regrettee ClaireG).

P.S.: J'oubliais le plus important: lisez ce livre!
P.P.S.: Euh… Mettez plutot ce livre dans votre PAL et commencez par La saison de la chasse, qui est encore meilleur a mon avis.

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