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Critique de mh17


Je retrouve avec plaisir le Camilleri que j'aime. le Garde-barrière (2008) fait partie de la trilogie des métamorphoses avec Maruzza Musumeci que j'avais adoré et le grelot que je lirai. Dans le garde-barrière, la chronique d'une bourgade sicilienne durant la période fasciste et plusieurs mythes interagissent.

Cela commence doucement par une petite chronique ô combien pittoresque et savoureuse de la ligne ferroviaire très étroite qui relie Vigata à Castellovitrano en Sicile. Deux trains s'y pressent à pas de poule si bien que les jeunes ont le temps d'aller piquer une tête ou de marauder de beaux fruits entre deux arrêts. Une petite communauté très fraternelle y a ses habitudes depuis la moitié du XIXe siècle. Mais avec l'arrivée au pouvoir de Mussolini, des milliers de cheminots ont été licenciés et remplacés par des ouvriers fascistes zélés. le meilleur emploi consiste à devenir garde-barrière au troisième poste. On tourne la manivelle deux fois par jour pour lever ou baisser la barrière du passage à niveau et picétou. La petite maison jaune dispose d'un puits et, depuis l'intervention du très zélé Concetto Licalzi et de son épouse Agata Purpura , d'un jardin qui permet de ne plus dépenser ses pécuniaux au marché.
En mars 1942, ce poste très envié voit arriver Nino et Minica, un gentil petit couple. Nino Zarcuto est un beau garçon qui s'est écrasé la main entre les tampons des wagons et y a perdu deux doigts. de ce fait on ne l'a pas appelé sous les drapeaux. Mais son handicap ne l'empêche nullement de jouer de la mandoline comme un dieu. Avec son copain Toto le guitariste, ils forment un excellent duo qui se produit dimanche et jours fériés chez M.Amadeo Vastallo, le meilleur barbier-coiffeur de Vigata. Nino s'est marié avec Minica Oliveri , une fille ni jolie ni vilaine mais bonne ménagère et bonne jardinière. le problème c'est que le bon Dieu ne leur envoie pas d'enfant alors qu'il se démangognent activement. Nino consulte le Docteur Gerbino pfft puis s'en va trouver la mère Pilica. Il en repart avec un pot en verre bleu et deux mois plus tard…
Mais c'est la guerre. Des soldats sont envoyés construire des bunkers le long des côtes. le couple les accueille avec hospitalité. Nino leur fournit l'eau fraîche du puits. Pendant ses absences dominicales, des soldats frappent à la porte de la maison. Et puis pour contourner l'obligation de jouer des marches militaires, Toto et Nino se mettent à jouer des chants fascistes au rythme de la mazurka et de la polka. Les clients apprécient, les autorités beaucoup moins. Ils sont arrêtés. A partir de là, le roman prend une autre tournure. le grotesque et le ridicule qui protégeaient notre lecture disparaissent. Les bas instincts, la violence brute, la cruauté des hommes, nous sont balancés à la figure. Puis la vengeance et la folie. Et c'est dans cette noirceur terrifiante qu'une tentative de métamorphose végétale survient, magnifiquement racontée. Bouleversante et régénérante.
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