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Critique de ahasverus


Parue en 1947, la même année que l’Écume des Jours, La Peste est initiée en 1942 dans la clandestinité de la résistance à l'occupation nazie. Elle s'ouvre sur une citation du père de Robinson Crusoé, lui même auteur, en 1722 d'un "Journal de l'Année de la Peste".

Sous la plume de Daniel De Foe, Camus nous avertit : il entend "représenter n'importe quelle chose qui existe réellement par quelque chose qui n'existe pas." Il imagine ainsi une épidémie qui s'abat sur Oran en 194?. La ville est déclarée fermée. Le docteur Rieux et quelques hommes ordinaires s'unissent afin de lutter contre la maladie, chacun à sa portée.

Derrière les portes closes de la cité en quarantaine, le romancier présente un tableau à plusieurs couches. Marché noir, passeurs, réseaux... on reconnaît aisément une autre peste, brune celle-ci, à laquelle la France résistait avec plus ou moins de fougue, plus ou moins de succès.

Enfin le Camus philosophe délivre tout au long de son ouvrage un message universel qui nous invite à résister à toutes les pestes, à tous les fléaux de l'histoire. Il nous exhorte à devenir nous aussi "des médecins", à refuser d'être avec la Peste autant qu'il est possible, certain que "personne ne sera jamais libre tant qu'il y aura des fléaux".

Dans une lettre ouverte au critique Roland Barthes en 1955, il souhaite que son livre "puisse servir à toutes les résistances contre toutes les tyrannies". Et son message à validité permanente rejoint ces temps-ci une actualité brûlante :

"Parmi ces amoncellements de morts, les timbres des ambulances, les avertissements de ce qu'il est convenu d'appeler le destin, le piétinement obstiné de la peur et la terrible révolte de leur cœur, une grande rumeur n'avait cessé de courir et d'alerter ces êtres épouvantés, leur disant qu'il fallait retrouver leur vraie patrie."

Albert Camus l'humaniste, qui voulait croire qu'il y a en l'homme plus de choses à admirer que de choses à mépriser, rappelle cependant que "chacun la porte en soi, la peste, parce que personne, non, personne au monde n'en est indemne. Et qu'il faut se surveiller sans arrêt pour ne pas être amené, dans une minute de distraction, à respirer dans la figure d'un autre et à lui coller l'infection."

La Peste est le livre malheureusement et magnifiquement actuel de la "fraternité active", un roman particulièrement bien écrit, qui observe que "La seule façon de mettre les gens ensemble, c'est encore de leur envoyer la peste." Tout ça vaut son pesant d'étoiles et de lecture attentive.

Merci à Mourahderadji qui m'a donné l'envie de me (re)plonger dans l'oeuvre d'Albert Camus.
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