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Critique de LeLibrAir


Ce livre est le fruit d'une double piété filiale.
Avant tout, l'amour filial et l'admiration pour sa mère de Pierre Camus, le « petit Pierre » de cet ouvrage, qui a pieusement conservé la précieuse boite en fer retrouvée dans les ruines de la maison après la guerre et qui a transcrit les manuscrits couverts d'une petite écriture serrée et en a fait la magistrale mise en situation dans les événements contemporains.
En second lieu celui de la fratrie, les trois enfants de Pierre, qui après sa disparition ont repris l'ouvrage presque achevé pour en poursuivre la publication, conscients de la valeur exceptionnelle du témoignage d'Hélène, leur grand-mère et du travail de Pierre leur père.

Car Pierre Camus, enfant de Guignicourt, gros village sur la rive droite de l'Aisne où il est né avant guerre, où il à vécu l'enfer de la ligne de front pendant 30 mois, où la paix revenue, il a passé son enfance et sa jeunesse, passionné d'Histoire, couronné par l'Académie Française pour son ouvrage « le pas des Légions », voulait ardemment la publication de ces documents, qui bien au-delà de la saga familiale, représentent si profondément l'humain avec ses grandeurs, ses bassesses, ses peurs, ses joies, ses souffrances, ses espoirs…

Et de l'espoir, il en a fallu à Hélène Camus Farge pour conserver, dans cette tourmente et ce dénuement, la mort quotidiennement autour de soi, la formidable énergie de confier au papier les faits et les remarques de la journée, avec l'angoisse de savoir le mari à Verdun dans la tourmente aussi, mais de l'autre coté.

Après la Marne, la bataille se fige sur l'Aisne. Rive droite, Guignicourt est allemand, les Français sont en face. le piège s'est refermé sur Hélène et le « petit Pierre ».

Alfred, le mari d'Hélène sait son village dans la nasse, mais les communications sont coupées. Il écrit de son coté toute son angoisse pour sa famille dans des lettres qui ne seront distribuées qu'après la guerre.
Elle a interdiction d'écrire. A l'intention de son mari elle entreprend clandestinement le récit quotidien de la vie du village sous l'occupation, les diktats de la Kommandantur (déjà en 1914 !), la solidarité du village, la faim, les obus, français de surcroît, les enterrements, dans un style simple né de l'école républicaine de Jules Ferry où tout paraît une évidence.

Vient l'expulsion imposée par l'autorité allemande. Les écrits sont prestement cachés dans la cave dans une boite en fer. de nouvelles notes sur un petit carnet décrivent le transfert, les wagons à bestiaux, la situation des migrants imposés à des populations belges presque aussi misérables qu'eux…

La volonté de Pierre Camus prend maintenant tout son sens, car ces fabuleuses notes quotidiennes d'Hélène Camus Farge et le travail acharné de Pierre Camus aidé de son épouse qui ont transcrit et commenté ces écrits trouvent enfin leur accomplissement.

Et malheureusement, cent ans après, les malheureux peuples d'orient confrontés eux à pire encore -la guerre civile- retrouvent les bombes, les morts, l'exode…

Comme on les comprend mieux avec ce texte !
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