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Critique de Pancrace


Je n'avais jamais lu « Camus » !
En classe de seconde technique, à la place de « Camus » on faisait « Merle » : La mort est mon Métier.
Meursault, pour moi, n'était qu'une excellente appellation vinicole bourguignonne.
Quarante-cinq ans plus tard, cette lacune comblée, Meursault prend l'apparence d'un homme apathique, atypique, mais pas antipathique, perdu dans son quotidien et ses habitudes où la chaleur suffocante omniprésente de l'Afrique du nord l'émeut et l'affecte beaucoup plus que la mort de sa mère.
Étonnant non ? Mais pas que… L'apathique est un non-émotif, non-actif où prédomine l'indifférence. Meursault n'a pas de vie intérieure frémissante.
Il déteste les conflits : « Comme toujours quand j'ai envie de me débarrasser de quelqu'un que j'écoute à peine j'ai eu l'air d'approuver. »
Cependant, il a besoin, sans se l'avouer, de se faire apprécier, aimer peut-être où pour le moins appartenir à une vie sociale bien qu'il en soit indifférent.
Avec Marie, il est prêt à l'épouser : « Tu m'aimes. Non. Alors pourquoi m'épouser ? Pour te faire plaisir. »
Avec Raymond, il écrira un courrier sans se poser de question, pour aider.
Camus avec des mots simples, des phrases courtes va accompagner Meursault vers sa destinée.
Car Meursault va tuer, parce qu'il fait chaud, un arabe de cinq balles dans le corps.
Ce roman au modernisme suranné où il est normal que les hommes giflent un peu leur femme et où les algériens sont encore des arabes à tout bout de champ est transgénérationnel, intemporel, tellement limpide et tellement dramatique à la fois.
Meursault sera jugé : « Onze mois d'instruction, j'avais l'impression que je faisais partie de la famille ». Ce besoin d'appartenance est toujours présent : « J'ai fini par ne plus m'ennuyer du tout à partir du moment où j'ai appris à me souvenir ».
Camus dépeint un Meursault tourné vers lui-même: « Même sur un banc d'accusé, il est toujours intéressant d'entendre parler de soi ». Il accepte son malheur. Impressionnant.
Meursault sera condamné : « J'ai eu une stupide envie de pleurer parce que j'ai senti combien j'étais détesté par ces gens là ».
Meursault n'était pas un grand bavard et il aimait la solitude. Il sera guillotiné: « Les ciels d'été pouvaient mener aussi bien aux prisons qu'aux sommeils innocents ».

C'était la 503ème critique du 48580ème lecteur Babelio de cette oeuvre immense.
Et maintenant un petit proverbe africain: « La connaissance, c'est comme un baobab, les bras d'une seule personne ne suffisent pas à l'enlacer ».
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