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Critique de afriqueah



A partir non pas d'un fait divers, mais d'une guerre dissimulée/désavouée par la France contre le Cameroun , Thomas Cantaloupe brode un thriller, avec vrais agents secrets, vrais faux passeports, magouilleurs arrivistes et vrais entourloupeurs , dont les noms sont donnés : Jacques Foccart, Pierre Messmer, Michel Debré.
Le Cameroun, nous dit Cantaloupe, n'était pas une colonie française, mais un dominion anglo-français, puis se trouvera sous tutelle des Nations Unies. Ce qui n'empêche pas la France de se dresser contre les intellectuels communistes de l'UPC, censés représenter un danger de basculement du monde vers le communisme, et l'exaspérant depuis longtemps par leurs revendications indépendantistes. Ils avaient eu (perdu) le Vietnam, puis l'Algérie, alors, basta ya .
Sur la couverture en sépia de Frakas, nous voyons Ruben Um Nyobé souriant en compagnie de Félix Moumié et d'Ernest Ouandié.
Le premier, un homme d'exception, qui a essayé de se faire entendre à l'ONU ( et dont je voyais le portrait /martyr affiché dans les chambres des étudiants africains mes amis, au même moment que Lumumba) sera assassiné par l'armée française en 1958, Moumié sera empoisonné à Genève en 1962, et toute la recherche du livre est de comprendre qui est derrière cet empoisonnement. le troisième sera fusillé en 1971.

Bien avant l'indépendance, les affrontements des « indigènes » avaient été réprimés par une occupation appelée « pacification », regroupement des paysans camerounais en zones spéciales, obligés d'abandonner leurs cultures , incendies de certains villages suspects, emprisonnements dans des camps de détention et tueries., l'armée française appuyée par l'armée camerounaise à sa botte. de plus, Thomas Cantaloupe parle de napalm dans les années 1960.
Il cite Messmer qui disait « on donnera l'indépendance à ceux qui la demandent le moins » , or le Cameroun la demande le plus.
Dans d'autres pays d'Afrique, la mise en place de dirigeants dirigés, comme Léon Mba, au Gabon, la marionnette de Paris, dont parle Cantaloupe, va de pair avec une ingérence militaire(le fameux 6· Bima), et l'assurance que des fonds financiers occultes parviendront depuis l' Afrique à l'ex- colonisateur. Par valises entières.

De valises, il est aussi question dans Frakas, mais dans l'autre sens et pas remplies de billets. Car c'est, sur le fonds de cette guerre sanglante et pas connue, en tous cas pas reconnue, que Thomas Cantaloupe nous emmène à Yaoundé , à Douala, et à Libreville. Il n'est pas né de la dernière pluie, ce Cantaloupe, il sait déceler le vrai du faux, sait quand ses personnages doivent comprendre qu'il vaut mieux se taire, ou partir, mensonges, mensonges et entrelacs politiques. Quant Foccart dit à notre journaliste « j'ai bien connu votre père » l ‘autre, qui ne l'a pas connu, ne peut rien répondre, et l'homme politique le sait.
Le plus curieux de ce livre est que ces massacres réels bien que niés , vu l'inculture européenne vis à vis de l'Afrique, ont pour moteur au départ la lutte contre le communisme, puis la recherche du pétrole…. Or il y a moins de pétrole au Cameroun qu'au Nigéria et au Gabon.

Renouant avec mon passé d'africaine de coeur, j'ai eu le bonheur de participer à l'entrevue donnée par l'auteur sur zoom, et celui , somptueux, de recevoir son livre Frakas.
Un grand MERCI ,à Babelio, à Nathan qui a été très patient devant mon incompétence à me brancher sur zoom, et à l'auteur de ce livre .
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