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Critique de kalimera


Pour les férus d'histoire du cinéma Ricciotto Canudo n'est peut-être pas un inconnu.
C'est le visionnaire qui en 1919 publiera un article qui révolutionnera le cinéma dans son expression même.

Le Manifeste des sept arts nous amènera à l'expression

"Septième art"

que nous utilisons si souvent sans penser qu'un jour quelqu'un l'a prononcée pour la première fois !
Canudo, homme de lettres, ami de Guillaume Apollinaire, amoureux fou de la France, s'engage dans l'armée des volontaires étrangers pour défendre ce qu'il appellera:

Le Front, ce pays nouveau.

Ce recueil en deux parties distinctes, nous plonge d'abord dans la guerre elle-même.
Le roman de la forêt se déroule dans les tranchées qui défigurent la Forêt de l'Argonne au plus fort des combats de 1915.
J'ai eu l'impression de survoler le champs des batailles, de frôler tel un fantôme du futur, le flanc de soldats épuisés de trop d'insomnies de stress et de manque de nourriture.
J'ai vu les obus décrire des arabesques lumineuses avant d'exploser dans un bruit de fin de monde, les flammes des fusils juste au moment ou la balle est expulsée dans un staccato vibrant et hypnotisant.
Je me suis interrogée avec le Capitaine Canudo sur la dimension de l' âme humaine dans ces conditions si inconcevable.
J'ai vu dans le texte- poème de Canudo les prémices d'un oeil formé au cinéma.

"Chaque forme humaine, et chaque groupe de formes, ont une direction,
une occupation,une préoccupation. Pour quel fantastique labeur ? Les
grandes voitures automobiles passent, repassent, affairées.Les
formidables quartiers de viande pantelante s'étalent sur les dos qui
les transportent, lamentables, remuent comme une masse grotesque de
gelée jaune et rouge. L'eau passe aussi dans des théories mouvantes de
seaux de toilettes ; elle s'échappe, car l'eau est toujours inquiète,
et tombe en ouvrant de petits yeux brillant dans la boue..."

La deuxième partie celle du Fleuve, me verra au contraire perdre mon poste d'observation au-dessus des hommes pour m'enchaîner au pied de leur lit de blessés, écrasés par la douleur et une autre forme de perte d'humanité.
Le fleuve: c'est le sang, qui arrose la forêt champs de bataille, l'âme pourpre c'est l'âme de soldat de Canudo qui pense avoir perdu son âme de "naissance" dans des combats quasi bestiaux.
Canudo est un chantre de la couleur, de la lumière et du bruit, ces deux textes poèmes se distinguent nettement de tout ce que l'on peut lire sur "la littérature de tranchées" de 14/18.
Il est dommage que leur lecture soit par moment semée de ponctuations anarchiques: un point mal placé, une virgule de trop et la compréhension ainsi que la fluidité du texte s'en trouve sérieusement compromises.
Quelle déception... surtout pour un texte si rare.

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