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Critique de LLebrown


Un de mes potes me file tout le temps les bouquins qu'il n'a pas réussi à finir. Il me dit "tiens, j'ai pas du tout accroché". Évidemment, je ne les lis pas. Je les prends, je les feuillète, je le remercie, mais je ne les lis pas. J'en ai trois ou quatre des comme ça. Ils sont bien rangés dans ma bibliothèque, celle dans la chambre. Ils prennent la poussière avec ceux que j'ai dévoré, ceux qui ont changé ma vie, ceux que j'ai acheté mais pas lu et puis aussi avec ceux de ma nana. Quand j'ai acheté "un dernier verre au bar sans nom" dans une librairie de mon quartier, la libraire m'a complimenté. Elle a dit « Oh Carpenter ! » comme si elle avait retrouvé une vieille connaissance. Et puis « super ». J'ai dit « C'est bien ? », elle m'a dit « Vous avez lu « Sale temps pour les braves » ? », j'ai dit « Non, c'est celui que je cherchais. » et elle a dit « Je l'ai vendu hier… Mais celui-ci est vraiment bien aussi. »

Je suis sorti fier comme un coq comme à chaque fois qu'un libraire me dit autre chose que le prix du bouquin. Et puis, trois mètres et deux crottes de chien évitées plus tard, je me suis senti comme un con. J'ai dit à ma nana "merde, je crois que je l'ai déjà". Elle m'a dit "si tu l'as déjà, je te tue". J'ai dit " non mais t'inquiète, ils reprennent les livres facilement ici. Même sans ticket de caisse.", et elle m'a dit "J'espère pour toi.". Alors, j'ai appelé mon pote, celui qui me file les bouquins qu'il aime pas, et il m'a confirmé qu'il m'avait bien donné "un dernier verre au bar sans nom". « J'ai pas dépassé les 50 premières pages ».

J'ai passé une heure à retourner l'appart' sans parvenir à remettre la main dessus. Parce que j'avais soif, j'ai fini par m'ouvrir une cannette et fatalement, j'ai ouvert le bouquin neuf en même temps en me disant que j'étais quand même bien nigaud. Et puis, j'ai lu. le lendemain, j'étais aux alentours de la page 200 et ma nana m'a dit "on a pas le droit de lire un bouquin dans le week-end. Ça coûte trop cher." Sans savoir pourquoi, peut-être car elle a la gestion dans le sang, je l'ai écouté. J'ai dû m'ouvrir une cannette à nouveau, même si j'en suis pas complétement sûr, et je me suis demandé ce que j'allais bien pouvoir faire d'autre que lire ce bouquin. J'ai attendu un voyage en train. J'ai lu dans le train et, une semaine après être sorti de cette librairie, j'étais encore au Enrico avec Jaime, Charly et toute cette clique de gens qui écrivent et boivent sans y trouver aucun soulagement. C'est pas que leur histoire m'a habité. C'est que j'ai vécu avec eux. Pendant tout ce temps, j'étais au bistrot à boire des espressos avec eux, j'étais mal pour mes potes honteux d'avoir trompé leurs femmes et surtout, j'écrivais un roman. Bordel, cette vie n'était ni meilleure ni pire que la mienne mais qu'est-ce qu'elle était réelle. Tout semblait vrai.

J'ai fermé le bouquin et je me suis dit : « Vivement que ce si précieux pote foireux bloque à nouveau dans une lecture."

Histoire que j'aggrave encore un peu mon cas.
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