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Critique de Lodetinqueux


Un grand merci, tout d'abord, aux éditions Weyrich (Belgique), qui m'ont envoyé cet ouvrage afin que j'en fasse une critique. Comme son titre l'indique, « Saints et guérisseurs » s'intéresse aux « rebouteux », sourciers, « barreurs de feu » et exorcistes, mais aussi au culte des saints guérisseurs ; difficile de ne pas être intrigué par un tel ouvrage, où se côtoient le surnaturel et le quotidien.
L'auteur, Philippe Carrozza, est un journaliste belge ; le fil rouge de son ouvrage, il l'indique d'emblée dans l'avant-propos, c'est « tout ce qui soulage et guérit sans médication, qu'il s'agisse de maux physiques ou psychologiques ». De fait, Ph. Carrozza exclut tous ceux qui demandent une rétribution en échange de leurs « services » ; exit donc les « charlatans » et autres marabouts qui vous promettent la lune (amour, argent, réussite) contre de l'argent. Les gens qu'il a rencontrés ne veulent pas être payés et acceptent à peine un merci ; par crainte de perdre leur étrange pouvoir parfois ; plus souvent par pur désintéressement. Cette précision est importante : les gens que l'on découvre sont en général sympathiques ; on peut croire ou pas à leur "don", mais leur souhait, aider sans contrepartie au point parfois de se lever en pleine nuit pour répondre à de multiples sollicitations, force le respect.
L'ouvrage m'a fait découvrir un monde que je connaissais à peine ; j'avais entendu parler des « rebouteux », sourciers et exorcistes, mais de manière très superficielle, et j'ignorais tout des « barreurs de feu » (capables de calmer les brûlures par une simple prière). J'ai surtout été étonnée car le livre laisse entendre que ces personnes, investies d'un don « surnaturel », sont plus nombreuses qu'on ne le croit. L'auteur en a interrogé une vingtaine, dont les pouvoirs laissent pantois. Capables de soulager les brûlures, les sciatiques, de stopper le sang, entre autres, ces gens sont assurément de bonne foi, même si l'on a peine à croire qu'un simple coup de fil et une prière puissent remédier à des brûlures graves.
De toute évidence, Philippe Carrozza est convaincu de la réalité des guérisons évoquées lors des divers entretiens, affirmant d'ailleurs en préambule qu'il a eu en main « des dizaines de preuves de guérisons ou supposées telles ». C'est là, je pense, la limite de cet ouvrage. Malgré le mot « enquête » qui apparaît sur la couverture, il n'y a guère de place pour la contestation et l'auteur ne remet jamais en question ce qui est affirmé. Seul un médecin joue ici les « avocats du diable » et réfute l'existence de tels pouvoirs ; autrement dit, le doute occupe quelques pages seulement sur plus de 350. C'est pourquoi il s'agit à mes yeux moins d'une « enquête », au sens journalistique du terme, que d'une suite d'entretiens qui sont d'ailleurs parfois un peu répétitifs (les mêmes questions revenant de façon quasi systématique).
Je suis plutôt cartésienne, mais je crois aisément que certaines personnes sont investies de pouvoirs que la science, un jour, saura peut-être analyser et expliquer. Cela dit, j'aurais aimé lire les témoignages de gens ayant été guéris ; j'aurais aimé aussi des hypothèses sur la manière dont peuvent bien agir ces « rebouteux » et barreurs de feu, surtout quand il s'agit de guérisons "à distance".
Au total, j'ai lu ce livre avec un réel intérêt ; organisé en sections regroupant chacune plusieurs interviews (la première, qui est aussi la plus longue, étant consacrée aux "rebouteux" de toutes sortes), il est d'un abord facile, agrémenté d'images et de photographies en noir et blanc. La plupart des « interviewés », je l'ai dit, apparaissent comme des gens honnêtes et même généreux, peu soucieux de retombées financières et de célébrité ; on ressort donc ébranlé devant cette accumulation de « faits », avec les réserves néanmoins que j'indiquais précédemment : absence de témoignages de "guéris" ; peu de place pour la contestation ; réticence aussi, parfois, lorsqu'il est question, par exemple, de miroirs laissant entrer les démons dans une maison (!). J'ai été moins intéressée par les deux dernières parties, consacrées aux lieux de culte et eaux miraculeuses, dont l'intérêt est surtout historique.
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