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Critique de cannelle124


Les autodafeurs : Mon frère est un gardien de Marine Carteron est le premier tome d'une série qui devrait surement faire la joie des jeunes lecteurs (à partir de 12 ans selon l'éditeur, voire avant pour un bon lecteur).




Les principaux acteurs en sont Auguste Mars, 14 ans plein de la dynamique adolescente, et qui ne s'en laisse pas compter (et qui m'a tout de suite rappelé Oscar Pill par son caractère un peu frondeur ) ... et Césarine, 7 ans, sa petite soeur autiste (mais dans le livre sa famille dit d'elle qu'elle est "artiste"), d'une logique et d'un raisonnement imparables, qui bien que semblant vivre dans un univers un peu à part, a parfaitement trouvé sa manière de communiquer et se montre d'une grande curiosité... le roman mélange à tour de rôle les réactions et points de vue des 2 enfants. Si de plus je vous dis que le cadre principal de ce premier tome se situe entre le collège d'une petite ville de province et la Commanderie, maison familiale depuis des générations de la famille paternelle (qu'en tant qu'adulte on a de suite envie d'associer aux légendes des Templiers ...) le cadre est posée. L'histoire maintenant ...

Après la mort "accidentelle" de leur père, Auguste, Césarine et leur mère quittent Paris pour la maison de famille, La Commanderie, à la campagne. Auguste tente de reprendre ses marques au sein de son nouveau collège, entre un proviseur infecte, un professeur de littérature passionnant, un nouvel ami haut en couleur dit Néné, et une bande de frères provocateurs et bagarreurs. Sa soeur Césarine est intégrée dans une école spécialisée où elle se fait une nouvelle amie, différente elle aussi, Sara.
Au détour d'une conversation, Auguste apprend qu'il n'y a jamais eu d'accident mais que son père a été assassiné par une mystérieuse société secrète, Les Autodafeurs. Leur but est le contrôle du savoir et la main-mise sur sa forme la plus ancienne, les LIVRES. Son père ainsi que tous les membres de sa famille depuis des générations font quant à eux partie de la Confrérie, qui cherche à retrouver, protéger et répandre lorsque c'est nécessaire, ce savoir immémorial.
Dans cette lutte qui date de l'Antiquité, la Confrérie ayant été créée par Alexandre le Grand, une trêve semblait s'être installée, rompue par la mort du père d'Auguste. Celui-ci va chercher à comprendre pourquoi ... et il se pourrait que sa petite soeur en sache bien plus qu'on pourrait le penser ... Dans ce petit village, les masques tombent peu à peu ...

J'ai dévoré ce premier tome qui laisse augurer de belles aventures dans ses suites .... Ma comparaison avec Oscar Pill s'arrêtera à la similitude famille/amis/ennemis ... Nos héros sont orphelins de père et vont vite se retrouver entourés par un groupe d'amis et "formateurs" formant quasiment un clan, face à des ennemis qu'ils peuvent cotôyer chaque jour pour certains .... Là s'arrête la comparaison ... Si Oscar Pill évolue dans un monde quelque peu fantastique, ce n'est pas le cas de nos héros .... Leur monde est bien réel, leurs aventures aussi .... pas de magie ou de surnaturel (pour le moment ...), juste de la débrouillardise et de la déduction ... Et pourtant les aventures ne manquent pas !!! On pourrait presque s'imaginer les vivre à leur place en fait ... donc facile pour le jeune lecteur de s'identifier ...

Mais ce roman est d'autant plus intéressant par son style et les sujets qu'il aborde en second plan.
Le style est vif, jeune, fluide, très facile à lire ... que ce soit dans le récit d'Auguste ou le journal de Césarine ... Cette manière de faire parler à tour de rôle les 2 enfants permet de les rendre très attachants, on a accès à leurs émotions, leurs surprises, leurs craintes, leurs réflexions quasi en direct ... que ce soit dans leur vie de tous les jours (les incontournables premiers émois adolescents par exemple) ou dans l'aventure qui se joue ... tout respire la vérité ... un vrai plus !

Ce que j'ai toutefois le plus apprécié est l'approche faite du DROIT à la DIFFERENCE : une autiste qui a du mal à s'adapter socialement montre qu'elle peut être génialement intelligente et son don de déduction, son amour des chiffres sont les clefs de bien des questions (personnellement c'est ma "chouchoute" !)... une enfant née "différente" (sans doute trisomique) y est décrite avec des qualités magnifiques de gentillesse et d'amour, et on découvre avec elle une autre manière de voir et surtout toucher le monde (mais il faut savoir le noter sans doute ...), ... un ami au look et à la naïveté plus qu'improbables cache des talents insoupçonnés ..... Bref il faut aussi lire "derrière" le récit ... ce qui est peut-être moins évident pour un jeune lecteur ... à charge sans doute aux parents d'en lancer la discussion ...

Le dernier sujet m'ayant plu et dont j'espère qu'il sera développé de nouveau par la suite est celui de la place du livre et du savoir écrit dans nos sociétés ... S'il est rapidement abordé lors des échanges d'Auguste à propos de l'histoire de sa famille, il l'est beaucoup plus dans un des chapitres lors d'un cours de français... Peut-être une petite introduction à la philosophie du savoir, de la connaissance, de l'imagination, de la vérité ... l'auteur développera-t-il ce sujet par la suite ?

Extraits du chapitre "Qu'est-ce qu'un livre ?" Il s'agit du chapitre le plus "sérieux" du roman qui nous introduit à la cause défendue par la Confrérie et qui en tant qu'adulte m'a le plus intéressée et surprise car il faut oser aborder ce thème difficile dans un roman jeunesse .. j'aurais pu extraire la moitié du chapitre car c'est vraiment bien décrit.

" (....) " l'objet" technique rassemblant des feuilles et des écrits ne devient réellement "un LIVRE" que s'il trouve son lecteur ... et donc (...) un livre qui n'est pas lu ... n'en est pas un !
C'était à la fois simple et compliqué et comme le reste de la classe, je me surpris à être suspendu à ses paroles tout en contemplant d'un oeil différent le petit volume de papier que j'avais entre les mains.
Je comprenais que, quelque part, Alexandre Dumas avait écrit son histoire "pour moi" (...)"

"(...) le livre est un vase plein de savoir, un récipient imprégné de raffinement, une coupe remplie de sérieux et de plaisanterie ... Qui donc - mieux que le livre - est à la fois médecin et nomade, byzantin et hindou, persan et grec, mortel et immortel ? (...) quand donc as-tu vu un jardin transportable dans une manche, un être qui parle à la place des morts et qui est l'interprète des vivants ? (...) le livre peut se lire partout, son contenu est accessible dans toutes les langues; malgré les intervalles chronologiques qui séparent les époques, malgré les distances entre les métropoles, il garde sa pérennité. (...) "

" (...) La fin des livres signerait la fin de l'humanité. "


En résumé, un premier tome bien sympathique à lire : l'introduction des personnages principaux et secondaires y est très agréable, l'écriture très abordable et dans le ton du langage jeune actuel, l'intrigue et les aventures s'enchaînent sans fausse note à un rythme bien soutenu, et pour qui prendra le temps de lire de manière plus approfondie, les messages véhiculés sont d'un bel intérêt .... Vivement la suite pour voir si les promesses seront tenues !
Mon seul point négatif, je suis un peu fatiguée de l'approche des amours ados dans les livres jeunesse, pourquoi faut-il toujours qu'il y en ait .. le seul chapitre qui m'est "fatigué mais qui fera sans doute rire les plus jeunes, mais c'est personnel (indigestion de Tara Duncan sans doute )

Merci à Babelio - Masse Critique et aux Editions Rouergue pour cette découverte.
Lien : http://www.petitscoeursetcan..
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