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Critique de Ecarlate


Spécialiste d'histoire médiévale, l'auteure prend pour objet de démontrer la présence avérée de femmes dans le domaine jugé si masculin de la guerre. Elle relève le cas de personnages historiques, mais aussi des thèmes littéraires autour des femmes guerrières, et qui sont loin d'être parodiques.

La guerre est une réalité médiévale, et elle concerne les femmes tout autant que les hommes, pas seulement dans un rapport de bourreaux et de victimes. le Moyen-Age reconnaît une valeur aux femmes menant des hommes à la guerre, on les qualifie de virago. On tolère même alors qu'elles s'habillent en homme. Ce sont des femmes que l'on estime dotées de toutes les qualités dites viriles, qualités nécessaire en temps de guerre. Majoritairement, les femmes accompagnent les hommes à la guerre, soignent, prient, mais aussi combattent, notamment durant les croisades, dont les témoignages des chroniqueurs musulmans sont souvent précieux.

Toutefois, les femmes, surtout nobles, ont plus facilement été chefs de guerre, notamment lorsqu'elles devaient défendre leurs domaines. Les croisades et la Guerre de cent ans ont souvent emmené les hommes au loin, quand elles ne les ont pas tués, sans compter la peste. Certes, la femme chef de guerre rentre souvent dans son rang plus sage, une fois le péril passé.

En littérature, la figure de l'egregia bellatrix ( la belle guerrière), et notamment des reines amazones, est un thème récurrent au Moyen-Âge. Trois modèles bibliques sont souvent repris : Judith, Jaël, Deborah.
Et tout comme la littérature finit par développer les neuf preux (Hector, Alexandre, César, Josué, David, Judas Maccabée, Arthur, Charlemagne, Godefroy de Bouillon), elle créé les neufs preuses, qui sont toutes païennes (Sémiranmis, reine de Babylone, Sinope, Hippolyte, Ménalippe, Lampeto, Penthésilée, toutes reines des Amazones, Tomyris, reine des Massagètes, Teuca, reine d'Illyrie, Déiphyle, femme de Tydée roi d'Argos). Jeanne d'Arc, que l'on ne verra pas a priori faire couler le sang mais sans cesse mener ses troupes au combat, est qualifiée de dixième preuse, et si on glorifie les tournois des hommes, on invente aussi en fiction les tournois de dames, chevauchant sans peur.

L'aspect religieux prédomine au Moyen-Âge, et de nombreuses femmes font partie des ordres militaires, car prier pour des Templiers ou des Hospitaliers, c'est participer à cette guerre si particulière qu'est la guerre sainte.
Sans compter les ordres de chevalerie, certains se dédiant aux femmes, d'autres, comme celui de la Jarretière (sans rapport avec le vêtement) les intègrent même.

Cet ouvrage a le mérite premier d'offrir une compilation intelligente des chevaleresses (dont le terme existe au Moyen-Äge). En second, l'auteure trace l'évolution de la chevalerie qui, si elle ne prédomine plus sur le champ de bataille avec l'évolution de l'art de la guerre, ne se renforce pas moins dans les mentalités. L'approche des temps dits Modernes, disons du 16e siècle, va écarter la femme des rôles guerriers, mêmes temporaires, et les figures féminines, mêmes légendaires, vont se faire plus sages que sauvages.
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