AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sarindar


Le Napoléon d'André Castelot qui fait logiquement suite à son Bonaparte glorifie énormément le personnage, déjà statufié par L Histoire. On a parfois l'impression à lire l'ensemble que c'est lui qui a tout fait durant les années que dura l'Empire. "Veni, vidi, vici" aurait pu dire l'Empereur, reprenant une célèbre phrase césarienne.
C'est survolé comme par un Aigle (impérial), c'est joliment emmené, bien décrit, circonscrit à l'essentiel, les grands témoins et les grands événements sont convoqués : on tomberait presque dans le Bonapartisme, en donnant à Napoléon raison chaque fois qu'il a eu gain de cause (pour un temps limité, car c'était toujours à refaire, comme l'ouvrage de Pénélope ; en effet, les Anglais ouvraient toute grande la bourse destinée à payer les dépenses de campagne des troupes levées par les coalisés austro-prusso-russes et l'Empire de Napoléon ne connaissait jamais la paix). A lire André Castelot, on croirait lire parfois un Bulletin de la Grande Armée.
Mais pourquoi en rester à cette admiration (pas tout à fait béate) quand on sait que l'échec se trouvait au bout de la route, terminée en cul-de-sac, pour cet aventurier que fut Napoléon Bonaparte.

L'échec en 1814 (malgré toutes une série de succès isolés) et en 1815 à Waterloo, et puis l'exil et la mort à Sainte-Hélène ont donné à Napoléon une "aura de martyr" et le Mémorial dicté à Emmanuel de Las Cases lui a permis de gommer la tyrannie qu'il exerça de 1799 à 1814 et de se faire passer pour le porte-étendard des idées de la Révolution et du libéralisme.

Beau mensonge que ne souligne pas assez André Castelot qui, sans cacher le nombre de morts engendré par cette aventure militaire sans lendemain, ne tarit pas d'éloges à l'égard de son grand homme (étrange panégyrique, relevons-le au passage, sous la plume d'un royaliste patenté). Reconnaissons-lui cependant d'avoir fait, en l'espèce, du bon travail. Mais est-ce de l'Histoire ou est une "hagiographie", Napoléon devenant, outre un héros immortel, un quasi-saint ? C'est en cela que l'on se laisse emporter par ce récit qui, sans rien dissimuler de ce qu'il y avait de critiquable et de détestable dans l'entreprise et chez l'homme, tend malgré tout à nous les faire admirer et y parvient contre toute raison.

Ce livre ressemble aussi à un reportage, l'auteur cherchant, un peu comme dans une Bible arrachée aux sables, à trouver dans les lieux visités une vérification de la réalité des faits rapportés mais nimbés par la légende : même la Moskowa, même l'île de Sainte-Hélène sont pour André Castelot des lieux de pèlerinage, et les sites lui livrent les preuves arrachées à un passé qu'il voudrait presque ne pas être éteint.

J'ai savouré les deux volets de ce portrait - Bonaparte et Napoléon - quand j'étais enfant. Mais aujourd'hui, je sourirais sans doute de les avoir tant et trop aimés.

François Sarindar



Commenter  J’apprécie          603



Ont apprécié cette critique (54)voir plus




{* *}