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Critique de isabroot


Avis mitigé.
Excellent ouvrage, captivant, dépaysant, complexe, foisonnant. A la fois roman victorien, récit d'aventure, chasse au trésor, polar et page d'histoire d'une contrée assez méconnue (ruée vers l'or en Nouvelle-Zélande à la fin du XIXe siècle).
Construit sous forme de récits multiples, l'intrigue se dessine patiemment au fil des pages comme un puzzle : les personnages décrits l'un après l'autre dévoilent leur personnalité et leurs secrets, les témoignages se succèdent, les points de vue se recoupent ou se confrontent et le passé remonte lentement à la surface.
Les Luminaires est un texte maîtrisé jusqu'à la moindre virgule. Et justement. C'est là que le bât blesse. La structure est tellement sophistiquée (chacun des personnages est associé à un élément astral qui influence sa nature et son comportement, chacune des parties du livre correspond à une date, l'intrigue avance en fonction des mouvements des planètes... et oui, Eleanor Catton a étudié de près le ciel néo-zélandais tel qu'il était en 1868 !), le rythme est tellement mathématique (chacune des parties du roman est deux fois plus courte que la précédente afin de donner une impression d'accélération et de spirale…), le style est tellement bien calqué sur le « roman victorien » qu'au final, l'ensemble perd toute son âme et ne suscite aucune émotion.
Je suis restée au bord du roman, sans jamais me faire véritablement happer. J'ai eu l'impression d'assister à un véritable tour de force qui, s'il ne peut que susciter l'admiration, provoque aussi l'agacement. C'est une performance, un défi, un calcul savant, mais l'ensemble reste très artificiel. Cela relève trop de l'excellent produit issu des cours de « creative writting » tels qu'on les donne dans les universités anglo-saxonnes : un récit bien écrit mais aux intrigues forcées dans une construction originale à tout prix.
Il lui manque quoi à Eleonor Catton ? Ce truc qui fait céder les digues et toucher l'essentiel. Une compassion pour ses personnages qu'elle n'arrive pas à transmettre. On a envie de lui dire de se lâcher un peu. Une pensée pour la traductrice Erika Abrams qui a du s'arracher les cheveux plus d'une fois sur ce texte….

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