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Critique de jmb33320


« Alors comme beaucoup de gens de son âge, elle essaie de prolonger cet état intermédiaire où rien n'est dit, rien n'est joué, et où le passé ne pèse pas encore de tout son poids, vous empêchant d'être autre chose que ce que deux ou trois décisions, fruit le plus souvent du hasard, vous forcent à paraître aux yeux des autres. »

Jane a vingt ans. On est au milieu des années 1970, à Paris. Elle vivote avec une petite pension mensuelle que son père lui envoie, à peine suffisante pour payer le loyer et le chauffage. Elle n'est pas étudiante et ne travaille que pour financer quelques lubies passagères, ce que l'époque permettait. Elle est encore dans cette antichambre de l'âge adulte, pendant lequel on peut se croire à l'abri du destin commun. Elle pense avoir tout le temps du monde, peut passer des journées au lit, plus ou moins endormie.

Son amoureux, Gilles, un lutteur professionnel, est absent la plupart du temps. Elle est éprise de lui mais supporte mal d'être aussi dépendante d'un homme pareil. Par l'entremise de son ancienne nounou, Liline, elle fera la rencontre de Jacques Bertin un presque octogénaire aisé et amateur de jeunes filles. Décidée à mener la grande vie à ses dépens, sans lui céder, elle lui fait croire qu'il l'intéresse alors qu'elle ne ressent que du dégoût pour lui.

Ce qui m'a le plus surpris dans ce roman sec et direct, c'est l'absence de moraline ! Le ton est désenchanté mais parfois très cru. Jane n'est pas quel qu'un de sympathique, mais le roman n'en souffre pas car le lecteur se demande constamment où tout cela va mener. En cela il est le reflet d'un temps plus aventureux et, à bien des égards, beaucoup moins consensuel que le nôtre.

Pourtant son héroïne ne restera pas figée dans cette adolescence prolongée :
« Et ce goût amer dans la bouche de Jane marquait la fin d'une ère, celle de l'insouciance. Plus tard elle appellerait cela le début de la maturité » peut-on lire presque à la fin…

Je remercie les éditions libretto et NetGalley pour m'avoir permis de découvrir ce roman, réédition tout à fait justifiée au vu de ses grandes qualités littéraires.
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