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Critique de Apoapo


Habituellement, l'on distingue entre deux conceptions culturelles du temps : linéaire ou cyclique. L'auteur commence par en suggérer une troisième qui fusionne les deux : la spirale. Ensuite, il identifie une évolution diachronique plus fine entre quatre (plus une) façons d'envisager le temps : le Destin, Le Progrès, l'Hypertemps et le Délai. L'analyse de ces quatre « schèmes », chacun illustré par une figure/oeuvre d'art – les géoglyphes de Nazca (Pérou, s.d.), la spirale penchée (« Monument à la Troisième Internationale ») de V. E. Tatlin (1919-1920), les spirales loxodromiques (« Sphere Spirals ») de M. C.Escher (1958) et l'oeuvre éphémère de land art « Spiral Jetty » de Salt Lake City par Robert Smithson (1970) – constitue la partie la plus importante de l'ouvrage. Mais si de telles conceptions se sont succédé et que la post-modernité contemporaine est caractérisée à la fois par l'Hypertemps : le temps des écrans, de l'omniprésence du temps planifié, de « logiciel et logistique », des « ultraforces » capitalistes du crédit et de la croissance perpétuelle, mais aussi par le Délai des inquiétudes environnementales de l'apocalypse de « la planète-vers-la-mort » et de « l'afuturalgie », la thèse fondamentale de cet essai est que ces schèmes ne sont complètement ni ne doivent opportunément être considérés exclusivement de manière diachronique. Il subsiste toujours des réminiscences de chacun d'eux, y compris du temps-Destin jusqu'à aujourd'hui, et de plus il est nécessaire d'adopter l'un ou l'autre selon la problématique envisagée. En particulier, un discours catastrophiste qui se limite à comprendre le temps comme Délai est un « crime » contre lequel est engagée la responsabilité morale des intellectuels. Dès lors – et c'est la troisième partie de l'essai – il convient de les penser de manière synchronique, en particulier sans s'insurger systématiquement contre le temps-Progrès, mais plutôt en se questionnant sur « comment faire progresser notre conception du progrès » (p. 200) ; en d'autres termes, l'auteur nous convie à « penser en 4D » : tantôt en post-modernes, tantôt en anachroniques, nous invitant ici à ralentir, là à accélérer, afin de parvenir à une « posthistoire » entendue comme un « métissage temporel ». Par conséquent, l'illustration de la spirale est désormais remplacée par une métaspirale, fusionnant le diachronique et le synchronique (représentable par la double hélice de l'ADN ?) et en conclusion l'auteur de poser un cinquième mode de pensée du temps, l'Occasion « que les Grecs appelaient kaïros ». « […] L'Occasion est un schème temporel, car rien ne concerne autant la chronologie que de savoir comment agir et à quel moment, elle n'est en rien comparable au passé, au présent ou au futur. L'Occasion est comme une sortie du temps. C'est pour cela qu'elle est le temps philosophique par excellence : elle suppose le surplomb que la philosophie peut lui donner. Elle comprend la situation, elle voit les forces en lice, elle évalue le tournoiement de la métaspirale et en conclut... qu' "il est temps". » (pp. 202-203)...
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