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Critique de Miaousse


Acheté par curiosité à cause du Prix Hugo... Un livre surprenant. Après lecture il n'est pas difficile de comprendre pourquoi ce livre l'a obtenu: depuis plusieurs années certains demandent plus de "diversité" et de "progressisme" dans la SF, catégorie vue comme trop mâle, trop blanche, trop hétéro, trop cisgenre, et ceci s'incarne évidemment dans les prix, de la même manière que ce qui se passe aux Oscars, Golden Globes, Grammys... Or, ô chance, ce livre coche toutes les cases SJW qu'il faut aujourd'hui inclure. Il les coche même tellement que c'en est parfois déconcertant car rien n'est oublié, au point qu'il apparaît rapidement évident que c'est en fait le but réel de ce livre. Qu'on en juge: des gays? Coché. Lesbiennes? Coché. Bisexuels? Coché. Non-binaires? Coché. Familles monoparentales? Coché. Ecriture inclusive? Coché. Transexualité? Coché. Androgénie? Coché. Pansexualité? Coché. Allosexualité? Coché. Polysexualité? Coché. Union interraciale? Coché. On a même droit à des unions entre adolescents ("à peine pubères") et adultes, union présentée comme fraiche et éducative (...) Antispécisme? Coché. Antiracisme? Coché. Antiimpérialisme? Coché. Anticapitalisme? Coché. Vegan? Coché. Etc... Les humains sont métis "stade final de l'évolution" alors que le seul personnage antipathique est un homme blanc visiblement cisgenre et hétéro incarnant le patriarcat ancestral (illustré ici par l'idée de clone), comme toujours dans ce genre de productions... Un rapide coup d'oeil à la bio de l'auteure nous apprend qu'elle est elle-même lesbienne et militante LGBTQ+, vegan, antiraciste, antispéciste, etc, donc pas de surprise finalement, de la militante SJW classique, et pas de soucis non plus qu'elle en parle si ça lui importe et qu'elle a envie d'écrire dessus, on est simplement dans du vrai militantisme. Par contre, de la SF?.... du coup, pour désamorcer certaines critiques sur un Prix Hugo trop conservateur, quoi de mieux que ce livre? Evidemment, donner le prix du meilleur roman, prix prestigieux s'il en est, était un peu trop alors que ce prix de la meilleure série littéraire, prix récent donc peu coté et prix fourre-tout vu que la grande la majorité des oeuvres de SF sont des cycles, donc des séries, tombait à point nommé. Tout le monde est content donc.

Maintenant, du strict point de vue du livre, rien, vraiment rien, ne justifie ce prix. Pas très bien écrit, sans rythme, rien ne se passe, pas de hard science, pas de personnage intéressant, aucune profondeur, pas d'enjeux... Tout ceci est une chronique de petits moments sans intérêt et surtout sans SF: un exemple parlant, au début du livre on nous conte la "percée inter-dimensionnelle", grand but de nos héros et idée cool pure SF, malheureusement elle est expédiée en 1 page et demie alors qu'on vient de se taper plus de 50 pages longuettes sur le... repas du soir et les habitudes sexuelles des différentes races. Et tout le livre est ainsi. Un ordre des priorités inversé donc, ordre généralement trouvé dans la littérature féminine façon Bridget Jones, mais pas trop dans la SF. Tout ici est une mise en abime de la réalité actuelle de notre monde, sauf que l'on a pas de mise en abime, c'est une transcription littérale, or le génie de la SF est précisément de le transcrire de façon cachée et pas de le décrire scolairement comme c'est le cas ici. Tout tombe donc à plat d'autant que l'auteure manque totalement d'imagination, et ça se sent. Les rares événements qui se passent, je peux quasi chaque fois donner la scène exacte du film de SF dont ils sont inspirés (mention spéciale ici à la repompée du Star Ship Troopers de Verhoeven)... On peut par contre concéder à Chambers de l'originalité, de l'optimisme, et surtout un vrai humanisme (il n'y a pas de méchants chez Chambers, juste des gens qui se disputent parce qu'ils ne se comprennent pas ou des pirates réfugiés qui rançonnent pour nourrir leurs enfants), du coup il est difficile malgré tout de dire que l'on a trouvé nul ou même que l'on a pas aimé. Etonnamment, on passe un moment plutôt agréable finalement même si objectivement ce n'est vraiment pas terrible.
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