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Critique de Renod


Renod
16 décembre 2016
Je me suis lancé dans la lecture des romans de Raymond Chandler pour compléter ma culture polar. Je pensais y trouver ce même cliché du détective solitaire et invincible faisant la loi dans les rues de Los Angeles. Alors oui, c'est en partie vrai, mais le roman ne se résume pas à une simple histoire de gangsters ; l'essentiel réside dans le talent de Chandler : l'ambiance, l'intrigue et l'écriture sont remarquables.

L'histoire débute par une rencontre insolite. Marlowe croise un homme qui se distingue par une carrure « pas plus large qu'un camion citerne ». le mastodonte pénètre dans un bar fréquenté par des Afro-américains et en moins d'une minute, un des clients est éjecté de l'établissement. Un joli vol plané. le détective, intrigué, entre à son tour dans le bar. Et le voilà entrainé dans une histoire tortueuse qui le mènera dans les salons d'un millionnaire, d'un médium ou d'une souillon alcoolique, dans une clinique clandestine ou dans les cales d'un bateau transformé en casino…

Chandler dénonce le gangstérisme et la corruption. Dans les romans de Hammett, les « bootleggers » tenaient le haut du pavé mais depuis la fin de la prohibition, les truands ont pris l'aspect d'hommes d'affaires respectables, utilisant la violence en dernier recours. Ils n'en continuent pas moins à faire élire des maires et des chefs de la police sans scrupules qui sauront fermer les yeux aux moments opportuns. Dans cette Amérique, les moeurs des pauvres comme des riches ne sont pas très reluisantes même si parfois, on rencontre des personnages positifs. Chandler dénonce aussi le racisme latent qui vise les Noirs. L'assassinat d'un Afro-américain intéresse très peu la police et n'est même pas mentionné par la presse. Comme dans le « Grand sommeil », Marlowe se montre opiniâtre, désintéressé et poursuit son enquête par principe, dans le seul but de déceler le fond de l'affaire. Il cite à nouveau Sherlock Holmes (et Philo Vance, un héros de littérature policière, inconnu au bataillon) pour mieux s'en distinguer. Marlowe est un intuitif, qui mise sur les probabilités et qui sait tenter sa chance par un coup de Trafalgar.

J'ai particulièrement aimé le style de Chandler. Il sait se montrer lyrique et utilise des images comme celle d'un scarabée coincé dans un immeuble de la police pour illustrer l'état d'esprit de Marlowe. Et puis il y a ces images que je trouve formidables. En voici deux exemples : « L'air moite était froid comme les cendres d'un amour défunt » et « la voix devint aussi froide qu'un repas de cantine ». le roman est très bien écrit et possède une touche surannée (blondes plantureuse, policiers véreux, truands italiens) qui lui donne un vrai charme. Un coup de coeur !
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