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Critique de Renod


Renod
25 février 2017
« La première fois que je vis Terry Lennox, il était fin soûl dans une Rolls-Poyce ». Lennox est un alcoolique qui ne passe pas inaperçu : la mise élégante, le visage jeune mais marqué sur sa droite par des cicatrices, les cheveux prématurément blanchis, il traine sa gueule de bois et son air de chien égaré dans les rues de Los Angeles. Marlowe lui vient spontanément en aide et les deux hommes sympathisent. Un matin, Lennox débarque paniqué chez Marlowe et lui demande de l'aider à prendre la fuite au Mexique. C'est le début pour notre détective d'une longue enquête en deux temps qui le mènera dans les geôles de la brigade criminelle puis dans la propriété d'un écrivain à succès alcoolique.

C'est le sixième roman consacré à Philip Marlowe et le personnage est conforme aux traits de caractère définis dans les épisodes précédents. Il est guidé par un sens moral en béton. Il va se battre pendant cinq cents pages avec opiniâtreté pour sauver l'honneur de son ami, ce qui le conduira à résister aux pressions des policiers et du procureur, aux menaces des gangsters, à la séduction intéressée de femmes fatales et à la corruption de l'argent. Voilà Marlowe le vertueux à nouveau plongé dans les entrailles de la cité des anges.

Certains passages sont percutants. Chandler évoque sans détour la pollution de Los Angeles, la société de consommation, les conditions de détention, la spéculation immobilière et à ses yeux, le monde des affaires n'est que la face policée du gangstérisme. Un homme d'affaire tient dans sa main la presse, la police et la justice ; il peut éteindre une enquête criminelle qui toucherait ses intérêts. Des propos publiés dans une Amérique qui vient à peine de sortir du Maccarthysme.
Il est beaucoup question de l'alcoolisme et des centres de cure parfois dirigés par des escrocs. J'ai cru reconnaitre dans le personnage de Wade certains traits biographiques de l'auteur. Wade est un écrivain à succès brûlé par un mal qu'il n'identifie pas mais qui cherche à se détruire par la boisson. Il parle du travail de création et du monde de l'édition. Et puis il y a ce titre, ce « long goodbye », si chargé de sens à un moment où l'épouse de Chandler est gravement malade.

Les premières éditions ont réduit « The long goodbye » à sa simple intrigue policière, le texte étant amputé de ses passages trop descriptifs et chargé de termes d'argot. le roman est enfin disponible dans une version intégrale traduite correctement. Je n'ai ni la formation, ni le recul pour pouvoir évaluer la qualité d'une oeuvre littéraire, mais ce roman a répondu à toutes mes exigences : un roman noir parfaitement écrit, intelligemment construit, passionnant (500 pages et on ne s'ennuie jamais), disposant d'un fond politique et d'un sens moral. Une très belle découverte.
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