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Critique de Cancie


L'année du chien est le deuxième tome traduit en français, après Chinatown Beat, de la série de romans policiers mettant en scène l'inspecteur Jack Yu de l'auteur Henry Chang. Celui-ci est né et vit toujours dans le Chinatown de New York. Tout comme son héros, il incarne cette Amérique multi-culturelle et la complexité d'appartenir à deux mondes qui se toisent et ne se comprennent pas.
Ce livre 2 est dédié à sa mère : « pour ma mère, qui a traversé courageusement les océans, laissant derrière elle un pays déchiré par la guerre, à destination de l'Amérique, pour une vie à Chinatown de travail de misère et d'ateliers clandestins, une vie dédiée à sa famille ».
Jack Yu est un des rares officiers de police d'origine asiatique au sein du NYPD. Il vient d'être promu à la neuvième circonscription et vient renforcer les effectifs pendant les fêtes de fin d'année.
Alors qu'il vient de finir son service, il est appelé à la rescousse, plusieurs corps ont été découverts morts au 18ème étage de la tour One Astor Plaza, une famille entière, un homicide-suicide. « Cette tragédie avait été provoquée par l'affliction d'un couple confronté à la dégradation imminente d'un certain niveau de vie , mais était tout autant liée à la honte, à la crainte de perdre la face ». Bien que blindé, Jack est très remué et cette sinistre journée terminée, lorsqu'il finira par s'endormir sur son canapé, son sommeil sera ponctué d'images. Des images de Pa, son père décédé ainsi que de Tat son ami d'enfance qui a mal tourné, désormais gangster de Chinatown, Tat Louie, alias Lucky, viendront s'immiscer dans ses rêves.
La transition est trouvée et nous voilà avec Lucky, dailo – chef – du puissant gang de la Ghost Legion. Les temps changent et Lucky doit faire preuve de flexibilité et nouer des alliances secrètes afin de le protéger et lui permettre d'étendre son influence. À bord de sa Buick noire, et Lefty son chauffeur, nous filons dans les rues étroites et malfamées de Chinatown récupérer l'argent et les marchandises en échange de l'assurance de la protection par les Ghost.
Bientôt, Jack Yu, se retrouve lui aussi en plein coeur de Chinatown pour tenter d'aider des familles chinoises victimes de violences. Au vu de ses succès passés, il sera d'ailleurs rappelé par le capitaine de son ancienne circonscription la 0-5, une fusillade ayant eu lieu à Chinatown avec plusieurs victimes, près du centre de paris hippiques. du lourd, et lui seul, grâce à sa connaissance du quartier peut être en mesure d'élucider l'affaire.
Comme vous l'avez compris, c'est une véritable immersion dans Chinatown que nous offre Henry Chang. Si pour nous, Chinatown est synonyme de quartier animé et densément peuplé, attirant les gourmets et les touristes dans ses nombreux restaurants de spécialités chinoises, ici c'est l'envers du décor que l'écrivain nous dévoile, ses habitants vivant pour la plupart dans des immeubles délabrés, découpés en logements exigus. Mais c'est surtout un monde de clandestins avec des gens endettés et prêts à beaucoup de choses pour s'en sortir, où la prostitution sévit, les paris clandestins, truqués, des circuits de contrebande et dans lequel la guerre des gangs fait rage. Extrême violence et pauvreté se côtoient tout au long du polar.
Malgré des scènes horribles comme le supplice infligé à ce jeune livreur, j'ai été happée par la vie quotidienne de cette société multi culturelle que Henry Chang décrit si bien, et pour cause, entraînée dans cette atmosphère noire tellement bien retranscrite, obligée de me questionner sur le mystère de l'âme humaine.
J'ai été également attendrie par ce lien qui se tisse peu à peu entre Sai Go, dont la vie entière a été menée dans l'illégalité et Bo, cette femme, qui pour rembourser ses passeurs s'échine dans le travail. de beaux moments de poésie !
Je regrette cependant que les protagonistes et les gangs aient été si nombreux, surtout avec des patronymes asiatiques peu habituels pour nous, m'empêchant de savourer pleinement ce polar richement instructif sur ce fameux quartier de New-York qu'est Chinatown, où deux mondes cohabitent et se comprennent difficilement.
L'année du chien fait référence à l'année qui vient de s'achever. « L'année est caractérisée par le Yang masculin, par le conflit, la persévérance et la foi ».
« le chien est téméraire, charismatique, il croit en la justice, la loyauté et la fidélité », une phrase qui à elle seule, brosse un portrait complet de l'inspecteur Yu !
Encore un grand auteur que je découvre grâce à l'opération Club Sang de Bepolar et aux éditions Filature(s).

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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