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Critique de CamilleBook


Il est difficile de définir ce roman. C'est une incursion dans la Hongrie des années 90 à nos jours. C'est le regard d'une adolescente sur le monde qui l'entoure. C'est aussi une réflexion sur la haine et son instrumentalisation politique.

Pour apprécier pleinement cette lecture, j'aurais peut-être dû me renseigner davantage sur la Hongrie. N'ayant pas ou peu de connaissances sur son implication dans les deux guerres mondiales, sur ses héros militaires controversés, sur la révolution de 1956 et sur son organisation politique et européenne dès lors, et pas plus sur les deux affaires autour desquelles s'articule le roman et qui ont marqué l'histoire récente de la Hongrie, en 2006 et en 2008-2009, j'ai eu un peu de mal à en comprendre tous les ressorts. Les relativement nombreuses notes en bas de page ont été, de ce fait, appréciées.
Je ne parlerai pas de ces affaires ici puisqu'elles sont la clef de voûte du roman et elles ne sont dévoilées qu'au fur et à mesure de la lecture. Libre au lecteur de se renseigner en amont, ou pas.

Qu'on soit connaisseur ou non de la Hongrie, il n'en reste pas moins que c'est une lecture dure, difficile à digérer. Malgré un ton résolument léger, accentué par un style volontairement décousu et lapidaire, c'est une plongée dans l'extrémisme et les idées propagées par les groupuscules néo-nazis, alimentées par certains partis politiques qui n'hésitent pas à jouer sur la rancoeur et les traumatismes du pays pour faire avancer leur idéologie xénophobe.

La jeune Éva, narratrice, que l'on suit de son adolescence à ses premières années de jeune adulte, va être témoin, puis partie prenante, d'un pays, d'un peuple qui dérape.
À partir d'un épisode traumatique d'une violence inouïe que l'on découvrira tout au long de la lecture, Éva va épouser des causes qu'elle considère à ce moment là nobles et nécessaires, s'abandonner dans l'alcool et la drogue, et essayer d'oublier… et de survivre.

« Il faut se ressaisir, sans cesse, se tenir à la rambarde, s'accrocher à la bouée, respirer.
On n'a pas fini de souffrir : mourir, c'est facile. »

Dure dans ses propos et ses actes, drôle dans sa façon très spontanée, voire brutale, de percevoir ceux qui l'entourent, étonnante de persévérance quand elle se donne corps et âme à son sport de prédilection, la natation, et touchante quand on la voit grandir et mûrir, Éva est un très beau personnage.
Par sa voix, par son regard, j'ai beaucoup appris sur l'histoire de la Hongrie. Si j'ai été un peu gêné par la narration un peu trop décousue à mon goût car il n'y a aucune chronologie, c'est une lecture qui m'a apporté un regard neuf sur un pays que je connaissais très mal et sur la façon dont les idées extrémistes infusent dans les esprits.

Un roman puissant qui bouscule et prend aux tripes. Et un chapitre en particulier, La Stèle, que j'ai trouvé magnifique.
Belle découverte.
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