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Critique de Guillaume72


En bande dessinée, je suis plutôt amateur du style franco-belge et de la ligne claire. Alors me direz-vous, pour ce qui est du Franco-belge, nous y sommes, par contre voilà un album en couleur directe... J'ai donc longtemps hésité avant de m'embarquer dans cette aventure. Et puis, le thème de l'Empire des Indes sous la domination britannique m'attirait beaucoup, tout comme le titre poétique de l'album. Je dois dire que ce style de couleur directe qui laisse au dessin une impression d'aquarelle, laisse au lecteur une impression de fondu enchaîné, de couleurs diaphanes et vaporeuses qui s'accordent merveilleusement bien au caractère à la fois romantique et délicieusement nostalgique de cet album qui est une vraie grande réussite.

Cette impression est d'ailleurs renforcée par l'emploi des couleurs avec des planches plus grises ou ocres réservées à l'Angleterre en guerre, en contraste desquelles les couleurs de l'Inde nous paraissent chaudement illuminées par un soleil toujours présent, une végétation et une architecture qui ravissent l'oeil.

Dans l'introduction, de Arnaud Delacroix, ce dernier nous précise que l'oeuvre est inspirée par le film de David Lean "La route des Indes". Pas de doute, nous y sommes ! On est plongé dans les histoires qui ont fait les grandes heures de ce cinéastes : je repense non seulement à "la route des Indes", mais aussi à "Lawrence d'arabie", "Le docteur Givago", "La fille de Ryan". Les auteurs ont placés leurs pas dans ceux d'un homme inspiré et ne trahissent pas cette inspiration. On a là tous les ingrédients d'une grande oeuvre épique qu'il s'agira de suivre attentivement afin de mesurer si la qualité ne décline pas au fil des albums.

Ce premier tome, outre l'histoire romantique qu'il contient et le destin de ces deux femmes : mère et fille qui s'entrecroisent, est aussi celui du choc des cultures. La jeune Miss Harryson débarque en Inde avec sa fille Emy pour retrouver son jeune époux : Thomas, affecté à la garde (ou à la surveillance) de Dharma Singh, raja du Khalapur. le précepteur d'Emy : Kennteh Lowther lui sert de passeur de culture dans un pays où tout lui semble étrange. L'album n'élude pas les clichés de l'époque coloniale, les britanniques se voulant civilisateurs considéraient les cultures abordées comme des barbaries au regard de leurs propres us et coutumes (c'est un biais de tout colonialisme). On sent Amelia Harryson posée entre deux mondes : la société dont elle vient et son attrait pour l'Inde que traduit notamment son éveil à une nouvelle sensualité lorsqu'elle découvre "l'India Dreams" dans la bibliothèque de Dharma Singh ou lorsqu'elle assiste à l'union charnelle de ce dernier avec une jeune femme, cachée derrière une grille du palais.

Le contexte historique ne manque pas à cet album qui nous dépeint aussi en toile de fond les luttes dynastiques , pas plus que la grande poésie qui le caractérise et que souligne encore mieux les décors et les dessins. Donc en avant pour la couleur directe... J'ai lu l'album une première fois pour bien appréhender l'histoire puis je l'ai immédiatement repris pour en déguster les détails. J'attends la lecture du second tome qui m'attend avec impatience. Je suis notamment désireux de découvrir en quoi Emy est une "vieille âme"...
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