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Critique de pycrozet


Cadavre, vautours et poulet au citron est aux amateurs de polar ce que la Tourtel est aux amateurs de bière : un ersatz ; pas mauvais à proprement parler, mais qui manque de relief.

Les points positifs, tout de même :
- se lit d'une traite (grâce notamment, il faut le reconnaître, à des chapitres très courts et aux nombreux dialogues) ;
- semble bien documenté sur la Mongolie, où se déroule l'histoire, et parvient, à de rares exceptions près, à ne pas tomber dans la leçon d'histoire-géo ; de la même façon, on sent que l'auteur possède une large culture, à la fois classique et populaire, ce qui est toujours agréable ;
- comporte quelques traits d'humour sympathiques, un peu dans la veine des Malavita/Malavita encore de Tonino Benacquista ;
- l'auteur maîtrise bien la caractérisation des lieux et des personnages : les descriptions sont riches, vivantes (bien que souvent peu utiles dans l'économie de l'histoire, mais on a souvent les défauts de ses qualités, non ?).

Le gros point négatif, justement : l'absence de "fond". L'histoire se veut une "detective story" racontée chronologiquement, à posteriori, par le principal intéressé : le fameux "détective public" annoncé en 4e de couv'. Le jeu de mots n'est pas si bon que ça, soit dit en passant ; il n'était pas nécessaire de le caser plusieurs fois dans le bouquin ! Bref. L'enquête ne m'a pas séduit pour une raison simple : la mort, la violence, sont omniprésentes dans l'histoire (bien que tout à fait supportables grâce au ton désinvolte du narrateur) ; du coup, le cadavre dont on cherche à retrouver l'identité et les assassins ne sort pas du lot, difficile de s'y intéresser. D'ailleurs, la trame, l'histoire, n'ont pas vraiment d'importance : le narrateur nous raconterait de la même façon son dernier séjour au ski. Par ailleurs, toute la première partie (200 pages) ne fait que présenter les différents personnages : l'enquête ne commence vraiment qu'en seconde partie, et encore, les éléments principaux tiennent en une poignée de pages.

Les points négatifs sur la forme :
- l'auteur semble avoir à coeur de faire du "name dropping" au moins toutes les deux pages. J'imagine (et il serait intéressant d'en discuter avec lui) qu'il poursuit un objectif double : 1°, donner l'impression au lecteur qu'il/elle est en train d'écouter un pote, un quidam moyen, lui raconter une expérience vécue à travers son langage oral, de tous les jours, avec ses références populaires qui sortent sans tri dans le flot du discours ; c'est réussi ; 2° - et suite logique du 1°, créer une impression de réalité, donner de la consistance à un "témoignage" (du personnage principal) exceptionnel, donc difficile à croire ; là encore, c'est plutôt réussi. Pourquoi alors ranger cet item dans la liste des points négatifs ? Parce que ces marques, ces noms, ces références sont la plupart du temps gratuits et, en marge des effets positifs que je viens de citer, ils créent une impression désagréable d'opportunisme ("Tiens, je peux en caser un, là : allez !") et se substituent à une langue plus riche, créatrice de comparaisons, de métaphores plus recherchées que, par exemple, lorsqu'une fille à l'air triste est comparée à Droopy et un type poisseux à Pierre Richard dans La Chèvre. Je me suis amusé à faire une liste, au fil de ma lecture, des différents noms cités, en voici quelques-uns : Chandler, Vidocq, Philip Marlowe, Bose, Bang & Olufsen, Timberland, Crumley, Crazy Horse, Visa Electron, Astérix et Obélix, Picasso, Rahan, Richard Kiel, Roger Moore, James Bond, Harold Sakata, Chewbacca, Facebook, Audiard, de Funès, Clint Eastwood, Google, Bruce Lee, Mohamed Ali, Arto Paasilinna, Jim Harrison, Edito, Mark Twain, Jack London... C'est agaçant, hein ? Et pourtant, je n'en suis qu'à la page 45 ! Turkish Airlines, Mr Propre, Liam Neeson, Le Routard, Gibert Joseph, Goldorak, Albator, Joseph Kessel, Meetic, Pierre de Segonzac, le baron Unger-Sternberg, Dmitri Perchine, le Monopoly, Cendrars, Dumas, Saint-Exupéry, Daudet, Simenon, Zola, Hergé, la Samaritaine, Clint Eastwood, les boules Quies : oh, seulement la page 70 ! Je vous épargne le reste, je pense que vous avez compris... Je ne suis pas contre la littérature populaire, au contraire, mais là, on vire au populiste et au démagogue.

- Les trèèèès nombreuses erreurs, malheureusement plus souvent de vraies fautes de français plutôt que de simples coquilles. J'en ai relevé plus d'une soixantaine, quand même ! Ça va de la faute d'orthographe ("Riffifi", dès la page 13) à la faute d'accord ("Certains exercent de manière permanente, d'autres, [de manière] saisonnières", p. 118) en passant par une syntaxe et une conjugaison malmenées ("c'est de vos impôts dont il s'agit", p. 101, "pour pas qu'on meurt", p. 227). D'ailleurs, si l'auteur ou l'éditeur sont intéressés, j'en tiens la liste à leur disposition, sans rancune. ;-) Par ailleurs, l'auteur mêle de façon assez étonnante les niveaux de langue.

- Les noms inventés qui font référence à des personnages ou entreprises réels (Avéra pour Aréva ? le député maire véreux Balkanzi pour P. Balkani peut-être ?) ; ouh là, ça dénonce ! Elise Lisset, de Catch Investigations n'a qu'à bien se tenir !

Si ce livre passe entre vos mains et que vous êtes moins agacé(e) que moi par les références gratuites omniprésentes, je pense que vous apprécierez l'humour et la légèreté de ce livre qui, encore une fois – et malgré la dureté de mes reproches – n'est pas « mauvais »… juste « pas bon ».
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