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Critique de ileana


Un essai politique sorti fin 2013. L'Union Européenne est en crise, quels choix lui permettront d'en sortir ? Dans la deuxième partie de l'ouvrage, JPC ébauche des propositions, dont deux me semblent intéressantes pour résumer sa position : 1/ donner à nouveau du poids aux nations au sein de l'UE et 2/ sortir de la monnaie unique et la remplacer par une monnaie commune (« rétropédalage » ; « revenir sur la surintégration entre les Etats trop hétérogènes réunis au sein d'une même union monétaire », p302).

Comment en est-on arrivé là et quelle est la position de l'Allemagne ? L'auteur scrute l'histoire de l'Europe au 20e siècle et cherche à anticiper l'orientation de l'Allemagne, car le destin de l'UE, en cette seconde décennie du millénaire, se décide à Berlin. Quel sera le choix allemand : l'ancrage en Europe ou la tentation du grand large ?

Et le passé : sur cent pages, l'auteur se penche sur la Grande Guerre, ses origines, ses causes profondes et sur la responsabilité allemande dans son déclenchement. Il choisit de creuser cette piste car la position dominante de l'Allemagne lui rappelle les circonstances au début du 20e siècle. Un parallèle troublant. Il est question de hégémonie et de rivalité avec la Grande Bretagne ; du leurre (ou de la faute !) de décideurs allemands de l'époque. Une mise en perspective sur le long terme afin de dégager les lignes de force, autrement dit la destinée de l'Europe (rien que ça). Eh bien, c'est pour cette révision d'histoire que j'ai mis quatre étoiles, le reste de l'essai sera vite obsolète.
Même s'il comporte un détour par la mondialisation et le binôme Etats Unis – Chine, le propos de l'auteur reste centré sur l'UE.

L'essai manque par endroits de fluidité et de concision, surtout lorsqu'il est question d'économie et des chiffres. L'auteur aurait dû structurer différemment son propos : placer en ouverture le volet contemporain avec les interrogations sur l'UE et mettre en deuxième partie le volet historique. Cela aurait été une démarche plus stimulante à mon goût : comment est-on arrivé là (au déficit démocratique au sein de l'UE, au déséquilibre entre les Etats) ? Autre regret, l'auteur aurait dû ajouter une bibliographie des ouvrages cités au fil des pages.

Extraits :
« Les dirigeants allemands devinent sans doute l'impasse politique de la monnaie unique et, selon une hypothèse assez vraisemblable, peuvent chercher à dégager leur responsabilité en faisant porter à d'autres celle de son naufrage. [ Il y a eu une ] mise en garde publique de Joschka Fischer [ancien ministre sous Schröder] : Angela Merkel ne doit pas apparaître comme la troisième personnalité allemande à avoir détruit l'Europe en l'espace d'un siècle, après Guillaume II et Hitler ». p257.

« le leadership [de l'Allemagne ] a-t-il été délibéré ? [ ] Prend-il en compte l'intérêt général européen ? le poids de l'Allemagne ne risque-t-il pas de déséquilibrer à nouveau l'Europe ? » p173
« La chancelière allemande a imposé à vingt-quatre de ses partenaires un traité budgétaire dit TSCG sans rencontrer de résistance » p204

« L'Histoire a modelé des tempéraments différents chez nos deux peuples. de Luther défendant l'autorité des princes contre les paysans révoltés, à Bismarck réalisant d'en haut la première unification, puis à la CDU de Helmut Kohl, artisan de la seconde, et d'Angela Merkel, gardienne de l'orthodoxie ordo-libérale, l'Allemagne manifeste plutôt des traits culturels conservateurs. La France, quant à elle, qu'on s'en targue ou qu'on le déplore, reste le pays de la Révolution ; sa vie politique tourmentée témoigne de cette prédisposition particulière. » p292
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