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Critique de l-ourse-bibliophile


A 14 ans (et demi !), Sidonie est différente de ceux qu'elle refuse de nommer ses camarades et elle l'affirme haut et fort. Elle trouve futiles les « décalcomanies », ces filles qui « efforcent de ressembler à leur star préférée, et elles ont toutes la même » et les « morses », ces garçons qui « sont pour la plupart en pleine mue, les pauvres, mais continuent de parler trop fort ». Ses meilleures amies ne le restent jamais très longtemps et elle se sent très seule. Pour elle, « le seul espoir, c'est de partir. » Partir à la grande ville, là où les monuments et les établissements culturels pullulent dans les rues, là où l'on tutoie Rimbaud, là où l'on joue de la musique et écrit des poèmes, là où la conformité n'existe plus.
Tout change lorsqu'elle où elle rencontre Rébecca, une fille différente des autres, mais différente d'elle aussi. La vie prend alors une autre saveur, un petit goût plus épicé, mais plus doux aussi. Dans cette dingue de blues aux chaussures en alligator, Sidonie trouve bien plus qu'une meilleure amie.

Ce roman pour jeunes adolescents de Fanny Chiarello, à paraître à la rentrée littéraire 2014, est vraiment sympathique. L'héroïne est attachante sans être véritablement une héroïne. Certes, elle est très intelligente et différente du « commun des mortels » (du moins, en nous offrant sa version de l'histoire, elle nous donne l'impression que le monde qui l'entoure est une masse uniforme), mais c'est sa fragilité sous la carapace qui m'a touchée. (De plus, elle m'a semblé très familière, il y a comme une impression de déjà-vu.) Pour se protéger, elle fuit le monde, elle est désagréable, mais tente désespérément de se trouver une meilleure amie, quelqu'un qui serait, comme elle, « une irrégularité sur la morne frise que forment les décalcomanies et les morses ».

N'étant pas une grande lectrice de littérature jeunesse/ado, je ne sais pas si l'homosexualité, et notamment l'homosexualité féminine, est fréquemment abordée. En tout cas, j'ai trouvé ça très agréable de sortir des amourettes (ou grandes histoires) hétérosexuelles. J'ai d'autant plus apprécié la manière dont la relation est présentée. On ne parle pas qu'en terme d' « amour », on parle avant tout de connivence, de rencontre intellectuelle fusionnelle, de la sensation d'avoir trouvé la personne qui correspond parfaitement. Leur amour n'en est pas minimisé et, au contraire, n'en apparaît que plus fort.
Je déteste parler de roman sur l'homosexualité car personne ne dit d'un roman où une femme et un homme tombent amoureux qu'il s'agit d'un roman sur l'hétérosexualité. Malgré tout, ce terme peut s'y appliquer. En étant deux filles, on retrouvera l'incompréhension, les moqueries, l'homophobie, le rejet des parents, etc. Décidément, homosexualité = tragédie. C'est désespérant !

Un roman à écouter avec du classique, du blues et du jazz en fond sonore, des personnages auxquels on s'attache très vite. Un très bon moment qui a ravivé pas mal de souvenirs personnels.
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