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Critique de pyrouette


Harry, 34 ans, se meurt d'un cancer foudroyant, entouré de sa famille, dans une chambre d'hôpital. Ce moment de fin de vie prend toute la place dans ce roman qui n'en n'est pas un. Sa fille a quinze mois. À l'âge de six ans elle est éloignée de ses grands-parents et de son oncle et grandit dans la haine viscérale de sa mère pour eux et dans la violence de cette dernière à son égard.

Notre narratrice vivote confortablement dans sa vie d'adulte avec des manques, des souvenirs confus, certainement un sentiment angoissant de ne pas être à sa place. Elle va recevoir le premier choc lorsqu'elle rencontre une personne qui a connu son père. Elle se rend compte qu'elle ne connaît rien de ce dernier. Il est parti, elle était bébé. Personne ne lui a raconté son histoire, l'histoire de ses parents.

Le deuxième choc, le plus violent, le plus destructeur, arrive quand son oncle lui téléphone pour lui apprendre la mort de sa grand-mère et l'héritage qui en découle.

Il y a des histoires de famille qui peuvent tuer, Sarah l'apprend à ses dépens, les souvenirs confus affluent, elle remonte le cours du temps, de son histoire.

Elle n'héritera pas des cliniques privées de la famille paternelle, juste un petit pécule qui lui permet de ne pas finir à la rue. Elle loue une chambre d'hôtel, entasse les affaires récupérées de la maison familiale, s'enterre, et se laisse mourir sous un tas d'ordures.

Elle va pourtant survivre et sa mère terrifiée à l'idée qu'elle puisse hériter de la maladie mentale de sa grand-mère maternelle, va l'aider et lui raconter.

La première partie de ce livre raconte l'histoire familiale de la narratrice, l'exil de famille paternelle suite à la guerre d'Algérie, leur enrichissement, leur monde bourgeois. la rencontre de ses parents, deux êtres qui ne sont pas à leur place dans la vie, leur amour fou, passionnel, entier, la maladie mentale de la grand-mère maternelle et la prostitution de sa mère pour survivre. Beaucoup de moments lourds, remplis d'érotisme, cette ambiance glauque ressentie par une enfant sans pouvoir l'identifier.

La deuxième partie est oppressante comme l'histoire de la narratrice. Les mots d'une violence extrême vous percutent tels une succession de coups de poing. On se retrouve dans la tête de celle qui se laisse mourir et à qui on va dire : non, tu es trop jeune, il te faut vivre, tu vas surmonter tout ça. Les bouffées de terreur la nuit, la haine de soi, l'anéantissement.

L'auteure/autrice a dédié ce livre aux vulnérables, aux endeuillés.

Je conseille ce livre à tous ceux qui ont grandi dans la haine, pour avoir la force de lui tourner le dos et construire sa propre histoire, sa propre vie.

Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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