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Critique de CasusBelli


Au moment d'écrire ce billet et d'exprimer mon ressenti de lecture, je me rends compte que cela ne va pas être aisé. "Sorcières" est un essai qui parle des femmes et s'adresse d'abord aux femmes, l'essentiel de ce qui est abordé dans ce livre sera donc impossible à appréhender en tant qu'homme, si ce n'est par le biais de l'empathie. Rarement je ne me serai autant senti un intrus comme ici, même si c'est par procuration.
Le propos et les arguments de Mona Chollet sonnent haut et fort.
Il est facile de comprendre le sentiment de révolte qui prévaudra en fin de lecture si l'on est une femme, au mieux, il y aura entendement et empathie pour les hommes, car au-delà des faits et des développements, il y a une évidence limpide : ce qui est une réalité pour les unes reste assez abstrait pour les uns.
Je vais commencer par louer la plume de l'auteur et la parfaite structuration de l'ouvrage, car s'agissant d'un essai ou d'une enquête, il n'est pas évident de maintenir l'intérêt constamment comme c'est le cas ici, bravo.
Il s'agit d'un sujet clivant, incontestablement, dès le départ on désigne une victime et un coupable.
Ouvrage protéiforme par excellence, cet essai va nous amener progressivement à prendre conscience d'une réalité incontestable, en commençant par L Histoire bien sûr, j'ai apprécié que l'auteur ne se limite pas à des statistiques ou à des faits ressassés. Connaissiez vous le "Marteau des sorcières" ? Moi pas, ou comment un ouvrage décrivant ce qu'est une sorcière a pu servir de référence à des générations de magistrats jusqu'à devenir une règle dans l'inconscient collectif des européens du moyen-âge. La somme de ce qui a pu en rester de nos jours en termes de convictions et d'expressions est édifiante.
S'ensuivront des contes, des écrits religieux, des films, le tout parachevant le travail de sape dans l'inconscient collectif, y compris et surtout dans celui des femmes.
Il sera question bien sûr du désir d'enfanter et de la maternité, ainsi que de stérilité. J'ai été fasciné par le travail de recherche et la démonstration de l'existence d'un carcan implacable, véritable machine à broyer les femmes, enfin surtout celles qui sont réfractaires à la norme attendue. le développement proposé est parfait de sensibilité et de justesse quand l'auteur aborde la psychologie autour de ces thématiques avec des témoignages choisis, la dissimulation du mal être est fréquent, entre culpabilité et révolte, le curseur comportemental est très large.
Il sera aussi question de l'image et de la place de la femme dans la société, le critère retenu étant souvent son âge, une injustice de plus si l'on considère le "deux poids, deux mesures" avec le traitement réservé à l'homme. Là encore, la somme de témoignages est éloquente et pertinente, mais surtout l'analyse se révèle extrêmement instructive.
Ce billet commence à être assez copieux, c'est un livre qui demanderait à être débattu tant il est foisonnant et générateur d'idées, je vais donc conclure en louant la justesse de ton de l'auteur, pas tendre non, mais pas inutilement agressive non plus (Rassurez-vous Mona Chollet, vous n'êtes pas une harpie).
Je vais louer également une certaine objectivité, elle n'hésite pas à se moquer de certains mouvements féministes (extrémistes) en soulignant leurs contradictions et autres excès.
Plus que les hommes, la véritable cible est la société patriarcale et sa perversité, j'ai apprécié la justesse et la pertinence de ses analyses, j'ai été impressionné par la somme de recherches et surtout par ce talent à présenter un tout cohérent qu'il est si facile d'entendre.
Je note quand même que l'auteur se limite exclusivement (et sagement) à une critique du patriarcat américano européen et chrétien, qui n'est pas le pire refuge de nos sorcières actuelles.
Il y a bien sûr mes regrets de ne pas évoquer ici les questionnements et autres idées qui me sont venues à l'esprit au cours de cette lecture, et notamment le caractère insoluble autour d'une certaine thématique.
Voilà, il me reste à dire que j'ai adoré cette lecture, et surtout à remercier Doriane (la sorcière), son billet enflammé m'a littéralement impressionné.
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