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Critique de gabb


RAPPELS PRÉLIMINAIRES (pour les rares lecteurs ici qui auraient lâchement fait l'impasse sur le programme de mathématique fondamentale de l'ENS) :
=> "Le problème à N corps consiste à résoudre les équations du mouvement de Newton de N corps interagissant gravitationnellement, connaissant leurs masses ainsi que leurs positions et vitesses initiales. Par extension cette appellation a été conservée dans le cas où l'on s'intéresse à un ensemble de particules liées par un potentiel quelconque."
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Ceci étant posé, ouvrons le livre de Cixin Liu et tâchons de comprendre ce qui vaut cette flatteuse réputation, confirmée par les nombreuses critiques lues ici, et en 2015 par le prix Hugo du meilleur roman.
Et là ça se corse.
Non que l'histoire soit inintéressante, ou qu'elle manque d'originalité, mais elle n'a pas produit sur moi l'effet WHAOU escompté. La faute peut-être à une écriture plutôt quelconque, sans grand relief, à des dialogues et à des personnages un peu ternes - à l'exception notable d'un commissaire Shi Qiang haut en couleurs ! - et à une trame un peu trop décousue...
Si les premiers chapitres (ceux qui nous placent au coeur de la révolution culturelle chinoise et nous révèlent l'existence d'une base militaire secrète menant d'étranges expériences), puis les suivants (qui quarante ans plus tard lèvent le voile sur une mystérieuse "Société des Frontières de la Science" consacrée à la promotion de nouvelles perspectives de pensée et apparemment responsable d'une vague de suicides dans la communauté scientifique), m'avaient semblé très prometteurs, je dois reconnaître que la suite du récit m'a un peu moins enthousiasmé...

Wang Miao, le vaillant chercheur en nanotechnologies qui, découvrant avec stupeur d'inconcevables perturbations des lois fondamentales de la physique, campe ici le rôle du héros impliqué malgré lui dans un funeste complot mondial, avait pourtant gagné toute ma sympathie !
J'étais impatient de pouvoir répondre avec lui aux questions pour le moins excitantes soulevées par Cixin Liu : "Etait-il possible que la nature fondamentale de la matière soit réellement sans loi ? Est-il possible que la stabilité et l'ordre du monde ne soient qu'un état d'équilibre éphémère dans un coin de l'univers, un tourbillon fugace dans un torrent de chaos ? La science allait-elle être assassinée ?"

Hélas, mon intérêt a commencé à faiblir un peu lorsque Wang Miao, plutôt que de remonter à la source de ces miracles, se trouve propulsé dans un obscur jeu vidéo, auquel l'auteur consacre d'interminables séquences censées nous éclairer sur la nature des forces qui déjouent les grands principes de la science et mettent en émoi les meilleurs physiciens du monde. La plongée virtuelle dans les arcanes de ce jeu a fini par me lasser.
Quant aux derniers chapitres, qui décrivent en détails les expériences menées pour "déployer un proton en deux dimensions", ils m'ont carrément perdu. S'ils ne manquent certainement pas de poésie et ont dû nécessiter de gros efforts de documentation (qui passionneront sans doute les docteurs en physique quantique, s'il y en a parmi nous), ils n'en demeurent pas moins difficilement accessibles au lecteur profane.

Ceci mis à part, je salue quand même la grande originalité de ce roman, qui s'appuie sur des bases scientifiques solides et complexes mais qui parvient néanmoins à questionner ce qui fait notre humanité, pointant du doigt la fragilité de notre monde et les dangers qui le guettent. Dans son intrigue un peu tarabiscotée transparaît toute l'avidité de notre civilisation, notre éternelle soif de connaissance et la multitude de mystères qu'il nous reste à élucider.
Et s'il existait quelque part une intelligence supèrieure susceptible de nous assister (ou de nous nuire ?) dans cette quête ?

De l'infiniment grand à l'infiniment petit, de la merveilleuse mécanique céleste à la structure de l'atome, il y a dans ces pages parfois un peu confuses de quoi s'émerveiller.
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