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Critique de Sertorius


Surtout ne faites pas comme moi : ne commencez pas cette trilogie de Liu Cixin par le second volume, « La forêt sombre », au risque de rester perplexe devant des termes aussi étranges que les « intellectrons », les « adventistes » ou les « redemptoristes » (dans leurs références lointaines à ces concepts historiques) ; au risque, aussi, de rester pantois devant ce qui ressemble à des délires religieux se reportant à des dieux dont on voit mal ce qu'ils viennent faire dans l'histoire. Tout cela aurait été plus clair si j'avais lu avant le Problème à trois corps.
Je conseillerai aussi à ceux qui abordent la trilogie de ne pas regarder la série de Netflix avant de lire le livre. Non que cette adaptation pour la TV trahisse vraiment l'oeuvre originale. Elle est fort bien réalisée par des professionnels qui ont fait leurs preuves notamment avec « Games of thrones », mais elle complique plus qu'elle ne facilite la compréhension de l'oeuvre originale par les changements opérés dans la distribution des personnages : le spécialiste des nano technologies, Wang Miao, dans le livre devient une charmante jeune femme nommée Angelina, Auggie pour les intimes ; Ding Yi, le compagnon de Yang Dong avant qu'elle ne se suicide, devient Saul, un noir américain ; le policier Shi Qiang des services de renseignements chinois change de nom et on nous apprend qu'il a été chassé de la CIA et du MI5. Regarder la série en lisant le livre est la dernière chose à faire.
Le problème à trois corps débute par une fresque historique développée autour du personnage de Ye Wenjie dans la quelle on voit cette jeune scientifique chinoise assister au « procès » de son père, un savant réputé dans le domaine de la physique fondamentale, et à sa mise à mort par de jeunes gardes rouges fanatisées. Toute la violence de la Révolution culturelle, dévoilée à travers le destin tragique de Ye Wenjié dont les épreuves seront récurrentes, nous happe sans nous laisser de répit.
Le livre présente aussi un aspect roman policier avec un détective comme on les aime, Shi Qiang, qui masque sous sa vulgarité une grande finesse d'analyse. Les rebondissements successifs se succèdent en cascade ; la règle de ne pas tout divulgâcher m'interdit de commenter ces événements qui se précipitent drument pour vous couper la respiration ; et c'est évidemment bien dommage.
Ce livre de science-fiction dépasse, on le comprend vite, les limites de son genre. Il mobilise en fait à peu près tous les genres, de la réflexion métaphysique à la Kafka à la poésie surréaliste ; en passant, modernité oblige, par les délires de la réalité virtuelle. Moi qui déteste les jeux vidéos et me félicite que ma petite fille n'y soit pas trop accro, je dois admettre que leur irruption est l'occasion de développer un psychédélisme qui ne manque pas d'onirisme.
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