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Critique de keisha


Une quasi lecture en aveugle : auteur inconnu (il est indiqué "de l'Académie française", ce qui n'a rien éclairci), titre encore plus inconnu, pas de bandeau laissé par la médiathèque, une quatrième de couverture proposant quatre passages. J'ai poussé l'amusement jusqu'à m'interdire de fouiner sur internet avant d'en avoir terminé.

Au travers de ces courts textes, l'on découvre des grands parents paysans (chez moi aussi on disait "ne te décache pas..."), la montée des parents en banlieue parisienne, les études parmi des condisciples de milieux bien moins modestes, un poste de professeur à Harvard (ouah quand même)(mais, le jour où il découvrit qu'il rêvait en anglais, "je décidai de quitter les Etats-Unis") et moult considérations sur l'art, Venise, l'Europe, les camps nazis, fort originales et pas forcément dans l'air du temps.Un peu passéiste et pessimiste, fort érudit, belle et agréable écriture, l'impression d'aérer ou secouer ses neurones au détour d'une page devant une réflexion. Ainsi que des pages superbes sur la lecture, la vie paysanne, l'ambiance à Pantin il y a un demi-siècle. Bref, je recommande.

Quelques bribes:
Un démarrage qui a mis à mal mon stock de marque pages (ensuite ça s'est un peu calmé) car on parlait de lecture, relecture, écriture. "Lire avait été une aventure, relire est une retraite." "Le seul voyage qui vaille n'est pas d'aller vers d'autres paysages, mais de considérer les anciens avec de nouveaux yeux.""On relit pour vérifier que ce que l'on a lu autrefois était toujours là. Mais on écrit pour vérifier que ce que l'on a vécu jadis a bien été vécu. L'angoisse est tout autre." "Nul temps n'est plus compté que celui employé à lire, et nul temps n'est, dans le même temps, aussi libéré du temps que le temps de la lecture."

Et ça aussi:
"On savoure un plaisir secret à commencer la lecture d'un livre qu'on a tiré de sa bibliothèque pour la prolonger dans un autre exemplaire, par hasard découvert chez un ami dont la maison duquel passagèrement on loge. le don d'ubiquité est le propre des livres.
C'est le même texte, c'est la même impression et c'est la même année d'édition, mais la lecture en sera différente. (...) Il existe à travers le monde une fraternité secrète des gens qui possèdent, dans leur bibliothèque, les livres que vous avez chez vous."

"La lecture n'est jamais plane ni linéaire. Un livre est d'abord un "volume", qu'on saisit dans son épaisseur. On creuse dans sa masse, on fouille, on sonde, on attrape un éclat, on dégage une pépite. Rien de cette lecture superficielle du déroulement électronique, qui clignote ou s'efface aussi vite. Sa pesanteur dans la paume renseigne immédiatement sur le moment où l'on est arrivé, vers le milieu ou vers la fin. La lecture ne se perd pas sur une surface homogène, mais se renforce par mille sensations, une infinité de détails inconsciemment enregistrés par le cerveau, et ce poids dans la main atteste la gravité, ou la lourdeur, des idées que l'esprit y découvre." (OK, l'auteur n'est pas pour les liseuses...)

"La pyramide en verre transparent qui sert d'entrée au Louvre est le signe le plus éclatant de cette dérision moderne: jadis destinée à conserver les Pharaons morts dans l'obscurité et la sécurité de la terre, elle ouvre à la lumière aveuglante du jour des oeuvres destinée jadis à défier la mort, aujourd'hui réduites aux produits interchangeables des comptoirs commerciaux du monde civilisé."

"Pourquoi la monnaie européenne , l'euro, (...), ne porte-t-elle pas sur ses faces les portraits de grands Européens?" (tiens oui, je n'avais même pas remarqué)

Plein de passages sur les campagnes et les haies, la religion et l'art, mais je ne peux tout citer. Un peu "fourre-tout", oui, mais chacun y trouvera de quoi réfléchir.

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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