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Critique de Arakasi


Nous sommes au début du XVIIe siècle quand l'Erasme, premier vaisseau hollandais à franchir le détroit de Magellan, arrive en vue des côtes du Japon après un éprouvant voyage de plusieurs mois. Constitué de marins et de marchands, l'équipage compte bien tirer de cette expédition fortune et gloire, mais ses espérances ne tardent pas à être cruellement déçues… Fracassé sur le rivage, l'Erasme voit les neuf dixièmes de son équipage engloutis par les flots et les rares survivants sont aussitôt jetés en prison sous le coup d'une accusation de piraterie (tout à fait justifiée d'ailleurs). Incapables de reprendre la mer et confrontés à une civilisation sans aucun point commun avec la leur, les pauvres marins sombrent rapidement dans la panique et le désespoir à l'exception d'un seul d'entre eux, John Blackthorne, le pilote britannique du navire.

Doté d'une grande vivacité d'esprit et d'un don pour les langues, Blackthorne va avoir la chance ambigüe de tomber entre les mains du daimyo Toranaga, un grand seigneur japonais avide de découvrir les secrets de l'Occident. Brillant et cultivé, Toranaga est surtout un dangereux ambitieux, prêt à profiter sans scrupules des troubles que traverse son pays pour accéder au pouvoir suprême et le conserver. Commence alors une périlleuse partie d'échec politique et guerrière qui déchirera le Japon et propulsera John Blackthorne des bas-fonds des geôles les plus sinistres aux splendides palais d'Osaka – une partie qui ne prendra fin que lorsqu'un des belligérants aura réussi à s'emparer du titre le plus convoité du pays : celui de Shogun.

Publié en 1975 par l'écrivain britannique James Clavell, « Shogun » reste, malgré le temps écoulé, l'un des plus fameux romans historiques écrits sur le Japon médiéval. Les origines de sa conception sont d'ailleurs assez originales pour être racontées puisqu'elles remontent à l'emprisonnement de Clavell au Japon durant la seconde guerre mondiale. Revenu en Angleterre après sa libération, Clavell n'aurait gardé aucune rancune envers les anciens ennemis de sa nation, mais, au contraire, une grande curiosité pour cette civilisation étrangère si fascinante et si déroutante à la fois. Une trentaine d'années plus tard, naissait « Shogun le roman des samouraïs », immense fresque historique narrant les débuts de la guerre civile qui inaugura la longue période d'isolation volontaire du Japon du début du XVIIe siècle à celui du XIXe siècle.

Favorablement impressionnée par l'adaptation télévisuelle du roman tournée en 1980, je me suis lancée avec un mélange de curiosité et d'hésitation dans la lecture de « Shogun ». Presque 1000 pages en grand format relié, ce n'est pas pour les mauviettes ! Et puis, le Japon médiéval raconté par un ancien militaire occidental, avouez qu'il y a de quoi se méfier… Malgré cette inquiétude initiale, « Shogun » a su combler mes attentes d'amatrice de romans historiques, tant par l'érudition sans pédantisme qui se dégage de ses pages que par la richesse et la diversité de ses intrigues. Rythmé, trépidant, complexe sans être trop alambiqué pour autant, « Shogun » a tout d'un grand roman d'aventure ! Il a également les quelques défauts récurrents du genre – trop de personnages pour ne pas perdre de temps en temps le lecteur, un style efficace mais manquant un peu de subtilité, quelques ficelles scénaristiques assez attendues… – mais rien qui puisse réellement gâcher le plaisir d'un lecteur enthousiaste. Une très agréable façon de s'immerger dans l'Histoire méconnue du Japon : à conseiller aux amoureux du pays du soleil levant !
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