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Critique de sophietaam
C'est une occasion excellente que le centenaire de la naissance de l'Humanité en avril 1904 pour publier en amont la biographie du grand Homme qui est derrière, Jean Jaurès. En effet, si un grand nombre de rues françaises porte son nom, la vie et l'oeuvre de l'homme restent plus obscure, dans une période de l'Histoire elle aussi bien opaque. (1859-1914) Il fallait toute la conviction, l'engagement personnel et l'habileté littéraire de l'historien Pierre Clavilier pour que cette vie bien remplie se lise avec la facilité d'un roman. Clavilier est allé à l'essentiel, il a su simplifier sans appauvrir, resituer le personnage dans un contexte politique, culturel et artistique : cette biographie est donc accessible - et intéressante - aussi bien au jeune public qu'au plus averti.
Ce qui frappe à la lecture de ce livre, c'est le parallèle entre cette époque mouvementée, au niveau politique, social et économique, et la nôtre. Certaines phrases prononcées par Jaurès, qui, à la fois historien et visionnaire, faisait lui aussi des recoupages avec d'autres époques, sont d'une actualité brûlante : « de même qu'en 1789 le peuple et la bourgeoisie se trouvèrent unis pour abolir les privilèges nobiliaires et les abus féodaux, à la veille de 1889, le peuple et la bourgeoisie laborieuse doivent s'unir pour abolir les privilèges et les abus capitalistes. »
Jaurès est né sous le règne de Napoléon III, le Second Empire et il assistera à la (re)naissance, non sans douleur, de cette utopie révolutionnaire que constituait la République (la IIIème) au suffrage universel. Il se souviendra toujours et mentionnera dans ses discours la vulnérabilité de cette forme politique qui n'allait vraiment pas de soi dans l'Histoire française. Il prendra parfois des décisions étonnantes et controversées pour la protéger.
Jaurès, un pacifiste convaincu, un humaniste doublé d'un idéaliste pragmatique, a su trouver son chemin dans la vie politique sans jamais exercer de poste officiel dans un gouvernement. Il a été député, et, excellent orateur, a pu faire pencher les balances décisionnaires, par ses discours, puis par la création d'un organe de presse, l'Humanité, relayant ses opinions et celle du parti socialiste. Stratège redoutable, il a créé un parti socialiste influent, évitant les écueils des divisions internes (en particulier avec Jules Guesde), s'alliant avec celui d'autres pays comme l'Allemagne. C'est d'ailleurs sur cette solidarité des ouvriers dans le monde, l'Europe et le duo Allemagne-France en particulier, que Jaurès comptait pour éviter la guerre. Las, il a été assassiné peu de temps avant le début de la grande boucherie de 1914-1918.
Héritier direct du siècle des Lumières, Jaurès a constamment réitéré sa confiance en l'intellect plutôt que la violence pour la résolution des conflits. Au lecteur contemporain, ce livre rappelle fort à propos la base politique de notre société moderne. Les turbulences qui ont accompagné le développement de la République dans une configuration royaliste multicentenaire constituent en quelque sorte une « tradition française », et le spectre de la monarchie ou l'oligarchie déguisées, déjà présent à l'époque de Jaurès, rôde encore aujourd'hui.
Pour le combattre efficacement, apprenons de l'illustre Jaurès à garder nos consciences bien éveillées…
Ce qui frappe à la lecture de ce livre, c'est le parallèle entre cette époque mouvementée, au niveau politique, social et économique, et la nôtre. Certaines phrases prononcées par Jaurès, qui, à la fois historien et visionnaire, faisait lui aussi des recoupages avec d'autres époques, sont d'une actualité brûlante : « de même qu'en 1789 le peuple et la bourgeoisie se trouvèrent unis pour abolir les privilèges nobiliaires et les abus féodaux, à la veille de 1889, le peuple et la bourgeoisie laborieuse doivent s'unir pour abolir les privilèges et les abus capitalistes. »
Jaurès est né sous le règne de Napoléon III, le Second Empire et il assistera à la (re)naissance, non sans douleur, de cette utopie révolutionnaire que constituait la République (la IIIème) au suffrage universel. Il se souviendra toujours et mentionnera dans ses discours la vulnérabilité de cette forme politique qui n'allait vraiment pas de soi dans l'Histoire française. Il prendra parfois des décisions étonnantes et controversées pour la protéger.
Jaurès, un pacifiste convaincu, un humaniste doublé d'un idéaliste pragmatique, a su trouver son chemin dans la vie politique sans jamais exercer de poste officiel dans un gouvernement. Il a été député, et, excellent orateur, a pu faire pencher les balances décisionnaires, par ses discours, puis par la création d'un organe de presse, l'Humanité, relayant ses opinions et celle du parti socialiste. Stratège redoutable, il a créé un parti socialiste influent, évitant les écueils des divisions internes (en particulier avec Jules Guesde), s'alliant avec celui d'autres pays comme l'Allemagne. C'est d'ailleurs sur cette solidarité des ouvriers dans le monde, l'Europe et le duo Allemagne-France en particulier, que Jaurès comptait pour éviter la guerre. Las, il a été assassiné peu de temps avant le début de la grande boucherie de 1914-1918.
Héritier direct du siècle des Lumières, Jaurès a constamment réitéré sa confiance en l'intellect plutôt que la violence pour la résolution des conflits. Au lecteur contemporain, ce livre rappelle fort à propos la base politique de notre société moderne. Les turbulences qui ont accompagné le développement de la République dans une configuration royaliste multicentenaire constituent en quelque sorte une « tradition française », et le spectre de la monarchie ou l'oligarchie déguisées, déjà présent à l'époque de Jaurès, rôde encore aujourd'hui.
Pour le combattre efficacement, apprenons de l'illustre Jaurès à garder nos consciences bien éveillées…
