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Critique de Cryptorchid


Faire de l'alcool une entité omniprésente à la source de la déformation ou de l'exacerbation des sensations, voir en l'ivresse en rituel de passage vers différents univers qui s'entremêlent et s'enchaînent au sein d'une existence, et en faire la clef de voûte d'un récit, voilà qui me semblait singulier pour ne pas dire prometteur, surtout compte tenu d'un passif entièrement assumé d'adepte de la bouteille.


Dans AL, Agnès Clerc décrit une vie vue au travers du prisme de l'ivresse, et articulée autour de trois parties principales.
La première se veut initiatique, et c'est l'amitié de deux jeunes filles qui y occupe une place centrale, amitié qui se verra agrémentée de multiples rencontres hétéroclites, dues quelque part, à la consommation d'alcool.
La seconde partie met en valeur le personnage de Méliador, devenu le compagnon de la narratrice, avec lequel les relations n'atteignent jamais vraiment de point d'équilibre.
Dans la troisième partie, l'amitié est de nouveau évoquée, à travers la relation de la narratrice avec un chercheur américain plus âgé qu'elle.


Dans une certaine mesure, AL parvient effectivement à faire une retranscription efficace de l'état d'ivresse, mais cela serait se limiter à la douce dérive, hypnotique, psychédélique, dans laquelle les premiers verres entraînent les consommateurs.
Tout le récit est narré de la même manière. Les passages d'un état à un autre, d'un univers au suivant, ont une linéarité déconcertante qui, finalement, endort le lecteur.
A la décharge de l'auteur, il est vrai que l'alcool comporte quelque vertu soporifique.
Le livre manque de rythme, de substance, et d'énergie, qui, elle seule, pourrait insuffler un tant soit peu d'empathie au lecteur et l'impliquer davantage dans sa lecture.
L'alcool n'y trouve sa place que dans la plus inoffensive de ses formes, et n'importe quel acharné du goulot, ce qui semble pourtant être le cas de la principale protagoniste, s'offusquera d'emblée en vous racontant ses propres expériences aux confins de la violence et de l'auto destruction.
L'alcool, c'est la désinhibition, c'est l'hilarité, c'est l'exacerbation des pulsions, violentes ou sexuelles, l'alcool, ça a un arrière goût de danger, et c'est précisément cela qui nous fait y revenir.


Si la structure narrative du livre a sa propre logique interne, il aurait peut être été intéressant que l'auteur en profite justement pour explorer les différentes facettes de l'ivresse, avec un changement de ton qui aurait découlé des alternances émotionnelles.
Dans AL et son univers onirique, les personnages sont excessivement poétiques, jusque dans l'adultère, jusque dans la trahison, même quand ils dégueulent, ils semblent romantiques.


Bilan mitigé donc, une bonne idée de base, mais qui ne tient pas la route sur la longueur et qui endort le lecteur plus qu'il ne l'entraîne dans le roman.
C'est dommage, moi j'avais tendance à penser que l'alcool pouvait conférer aux choses une certaine intensité, ce dont le livre manque cruellement.
Lien : http://bipolaireadonf.canalb..
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