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Critique de nescio667


A quelques kilomètres de Boston se trouve Bensington, une petite ville de province comme il en existe tant dans le Massachusetts, avec ses quartiers riches et ses quartiers pauvres, son église, sa mairie et sa bibliothèque publique. Comme souvent les habitants des quartiers riches n'ont que peu de contacts avec leurs homologues des quartiers moins favorisés. Ceux-ci gagnent pourtant à être connus : n'est-ce pas parmi eux que le chef de la police, James Morgan, a découvert Dudley, cet étrange clochard, sorti de nulle part ? Sale et puant, ce dernier s'exprime néanmoins avec le vocabulaire de quelqu'un de bien élevé. Il semble néanmoins peu en phase avec la réalité et partiellement amnésique. de plus, il ne désire pas expliquer à Morgan ce qui l'a mené à Bensington.
Quelques temps après cette étrange rencontre, Morgan apprend que Glen Bodine, le fils de Harley Bodine, un habitant des quartiers chics de Bensington, a été écrasé par une rame de métro à Boston. Glen, malgré une grave maladie, poursuivait des études. Il avait ce jour-là un rendez-vous avec son père, rendez-vous auquel Harley ne s'était pas rendu. Bien que la police de Boston écarte la thèse du crime, Morgan ne peut s'empêcher d'avoir des doutes. D'autant que ce n'est pas le premier enfant d'un couple des quartiers résidentiels à trouver une mort ‘accidentelle' à Bensington. Gardant un oeil sur Dudley, Morgan pousse ses investigations plus en avant et ne manque pas de déranger les hommes d'affaires très occupés et leurs épouses endormies dans le luxe.

Roman noir tendance psychologique, à la limite de l'étude de moeurs, ‘Des voix dans les ténèbres' démarre tout en douceur ; il ne manque néanmoins pas de nous accrocher rapidement tant les personnages –très nombreux- sont finement et solidement dessinés et tant les rapports amoureux, de force ou d'amitié qui les relient se révèlent subtils. En nous présentant ces avocats, ce prêtre, ce secrétaire de mairie ou cette bibliothécaire, c'est comme si Coburn nous faisait faire le tour de la ville, comme si, hormis ces habitants-là, il n'y en avait pas d'autre : ‘toute ma ville est là', semble-t-il nous dire. ‘Et maintenant, regardez, j'y introduit un élément extérieur, Dudley, et voyons ce qui va arriver'. Loin de tout manichéisme, avec une aisance déconcertante, il nous mène ainsi tranquillement jusqu'à l'élément central, le point d'orgue de toute l'intrigue, celui auquel je ne m'attendais pas du tout et qui s'est révélé assez glaçant, malgré les heures de polar que j'ai déjà à mon compteur (à ce propos, ne lisez pas le résumé de quatrième de couverture, je viens de me rendre compte qu'il déflorait vraiment trop l'histoire). Cet élément posé, Coburn laisse Morgan dérouler le fil de son intrigue, solide, complexe et malgré tout évidente, la marque d'un véritable talent. Les éditions Rivages nous proposent encore une fois un roman profond et tout en nuances, psychologique certes mais sans lenteur aucune, le genre de bouquin que l'on oublie pas facilement, un beau doublé donc, un travail de découverte, un véritable boulot d'éditeur qui mérite d'être salué.
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